valorisation patrimoniale de la Basse Loire
Angevine et Armoricaine

 

 

matériaux pour un Schéma directeur du patrimoine culturel de la Basse Loire Angevine et Armoricaine en Région Pays de la Loire, en référence à une valorisation d'échelle de bassin

 

Introduction

 

Ce document de travail est fondé sur une pratique patrimoniale de terrain passant par des études et réalisations produites principalement dans le cadre de l'Ecomusée de Montjean Loire Angevine et au-delà en Basse Loire. Elles en ont marqué le développement de 1979 à 1998, souvent dans le cadre d'actions partenariales. Nous les avons plus personnellement poursuivies depuis.

 

Il s'efforce de répondre à la problématique identification – protection – valorisation du patrimoine fluvial posée par la mission Loire-Unesco à la dernière Université d'été de Nantes (septembre 2005).

 

Il expose le cas de la Basse Loire Angevine et Armoricaine (Région Pays de la Loire), expérience passée et voies d'une mise en oeuvre institutionnelle, en référence à une incontournable valorisation d'échelle de bassin.

 

Nous abordons successivement :

 

- l'identification thématique, paysagère et spatiale du patrimoine fluvial ligérien, dans ses contenus

 

- puis sa territorialisation, en territoires et bassins patrimoniaux, posant la question de leur recoupement avec les circonscriptions et territoires de l'action politique

 

- pour déboucher sur sa protection et valorisation, dans le cadre de bassins patrimoniaux déjà valorisés ou encore virtuels et d'une chaîne de lieux de mémoire, sites, musées, pôles du patrimoine fluvial, existants ou à créer.

 

C'est aussi proposer de passer des voies pionnières d'une patrimonialisation principalement associative et locale à celle, souhaitable, d'un réel aménagement culturel d'ensemble porté par le développement institutionnel. Une difficulté et challenge à relever, est d'articuler territoires patrimoniaux et territoires politiques souvent issus disjoints de l'histoire, dans une spatialisation patrimoniale transversale qui leur soit compatible.

 

Un autre propos n'est que positionné, celui de la corrélation du patrimoine culturel ligérien ainsi valorisé à la personnalité géographique globale et aux autres fonctionnalités contemporaines du bassin de la Loire (ressource en eau, activités économiques, aménagement du territoire ..). Une synergie à créer dans l'esprit des PEP "pôles d'économie du patrimoine".

 

Au plan méthodologique, nous pratiquons une "géopatrimonialogie", géographie appliquée au patrimoine culturel, fondée sur une transdisciplinarité[1] reflet de l'anthroposystème fluvial ligérien. Elle est nourrie des apports de nombreux chercheurs illustrant un large horizon de sciences humaines et aussi de la nature, dont la démarche commune peut être dite "écoanthroposystémique". C'est percevoir le fleuve comme un hydrosystème naturel fortement anthropien - transformé par l'homme, support d'un anthroposystème évolutif générateur d'héritages sociétaux qui font partie de l'anthropisation contemporaine du fleuve, elle-même objet d'étude (cf. la démarche de la Maison du Rhône de Givors).

 

Déclinant ainsi le patrimoine sociétal hérité des géosystèmes fonctionnels du passé (accent mis sur l'espace géographique utilisé par l'homme avec ses modes d'organisation, fluvial marinier, agraire .. ), nous débouchons logiquement sur l'aménagement culturel, aspect d'une géographie active appliquée à l'espace ligérien.

 

Résumé

 

Voir la planche cartes :

l' "Iconocarte de la Basse Loire fluviale Angevine et Armoricaine", synthèse iconographique localisée des thèmes patrimoniaux, une diversité s'exprimant dans de territoire patrimoniaux

carte géologique de l'ouest ligérien

carte de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, sections Basse Loire estuarienne, Basse Loire fluviomaritime, Basse Loire fluviale, Basse Loire fluviale Angevine et Armoricaine

carte "Carte géopolitique de la Basse Loire, les frontières d'une Loire patrimoniale", la mosaïque des pays et communautés de communes et les entités d'aménagement culturel, touristique, général (DTA), les territoires de l'action politique.

 

 

De Montsoreau à Bouchemaine .. Ancenis .. Nantes, la Basse Loire fluviale Angevine et Armoricaine[2] recèle un patrimoine fluvial et riverain généré par la plus grande Loire, celle de l'aval de la Vienne et de la Maine, encore pour partie classée navigable.

Elle rompt, par la transition saumuroise, avec la Touraine des châteaux qui s'y trouve relayée par une somme d'héritages liés au fleuve et au travail de l'homme, exprimant pleinement la composante sociétale de la personnalité ligérienne.

Forte de paysages culturels façonnés par la vie quotidienne jadis, elle se coule dans les deux visages paysagers successifs de cette région Pays de la Loire transversale au Bassin Parisien et au Massif Armoricain, celui saumurois du tuffeau au large val, celui armoricain du schiste et du grès au val resserré. Ces grands ensembles paysagers à fondements géomorphologiques et environnementaux, sièges de ressources minérales et campagnes caractéristiques, sont porteurs d'industries anciennes (aujourd'hui patrimoines), alors que l'épais réceptacle alluvial du val recèle, encore plus qu'en amont, un exceptionnel héritage archéologique fluvial. Des transects paysagers ou profils du val, révèle les caractéristiques de ces ensembles, scindables en sections patrimoniales, telle celle de Montjean présentée en planche 4.

 

Les césures d'une géohistoire frontalière ancienne, achèvent de définir le complexe patrimonial de la Basse Loire, que nous déclinons pour la partie fluviomaritime en amont de Nantes puis fluviale en amont d'Ancenis, en combinaisons originales définissant, globalement et dans leurs éléments, des unités paysagères morpho-culturelles et au-delà des territoires et bassins patrimoniaux.

D'échelle régionale, son intérêt culturel est de bassin, démontré par la forte densité des études réalisées et de la connaissance acquise, des collections réunies, des monuments en place, des sites d'interprétation et musées relativement nombreux. Il s'articule aux autres grands ensemble régionaux ligériens, aux logiques patrimoniales elles aussi combinatoires, en particulier celui de la Loire moyenne des grandes villes et canaux (de Briare et d'Orléans, de Loire en Seine), mais aussi ceux des bassins montagnards de l'Allier et de la Loire amont.

En aval, la Basse Loire maritime de l'estuaire, morphologiquement et écologiquement très différente mais culturellement et fonctionnellement jadis très liée à la Loire fluviale, est à relier, via la charnière de Nantes ancien port fluviomaritime, à cet amont fluvial.

 

Bien que doté de structures et sites de médiation du patrimoine ligérien, dont certains institutionnels, la Basse-Loire, vaste sous-ensemble ligérien, reste à valoriser au niveau d'un potentiel patrimonial accru et mis à jour par la recherche scientifique. C'est une offre culturelle régionale de portée européenne, qu'il faut développer et organiser, bien sûr en connexion avec la Loire moyenne et au-delà, dans la perspective présentée ici d'une valorisation qualitative ouverte par le Plan Loire à l'échelle du bassin et par la démarche Loire Unesco, patrimoine mondial.

 

L'identification des éléments et thèmes de ce patrimoine fluvial (par leurs "marqueurs") et de leurs sites passe par des clés de lecture paysagères et cognitives, à la fois géo environnementales et sociétales, celles des héritages issus de l'anthropisation millénaire d'un milieu géographique fluvial, lui-même à décrypter sous tous les aspects de la relation homme-nature et d'une géohistoire embrassant paléoenvironnements et sociétés. Le recours à l'archéologie et à l'histoire (et donc aux archives) est fondamental.

 

Il en résulte une définition du patrimoine fluvial, plurielle mais cohérente car issue du fleuve, univers systémique. Cette identification des thèmes et leur localisation introduisent à celle des territoires et bassins patrimoniaux, aires géographiques qu'ils caractérisent, fournissant les bases spatiales de l'aménagement culturel, gradation d'un réseau de stations nombreuses, relais, site d'interprétation, musées du patrimoine fluvial ligérien, enfin de quelques pôles de ressources et médiations spécialisés.

 

Le projet patrimonial[3] présenté principalement à l'échelle de l'ensemble régional de la Basse-Loire, l'est aussi en référence au bassin. Fondé sur l'ensemble de l'espace fluvial, il permettrait d'atteindre à la sauvegarde et à la valorisation de son patrimoine, en un parcours culturel démultiplié spatialement à l'échelle des sites et territoires.


1       Le patrimoine fluvial de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, identification et définition

les thèmes patrimoniaux d'une définition géohistorique, archéoenvironnementale, ethnoanthropologique
 
1 1       De Montsoreau à Nantes, l'originale diversité d'un patrimoine sociétal

 

Depuis le château de Montsoreau semblant prolonger en Loire le coteau de tuffeau, jusqu'aux sablières de Sainte-Luce aux portes de Nantes, une descente de Loire révèle en ses paysages, l'originale diversité du patrimoine fluvial de la Basse Loire Angevine et Armoricaine.

Les fronts portuaires et architecturaux des villages, bourgs et villes ponctuent les campagnes riveraines, alors qu'à l'étiage émergent épaves et vestiges archéologiques d'ouvrages construits. Les nombreuses îles de Loire aux fermes chanvrières alternent avec les fours à chaux du Sillon Houiller. Représentation militaire de la monumentalité ligérienne, la tour d'Oudon et le moulin péage de Champtoceaux (XIIIe siècle) font écho au château d'Ancenis et au site de la Roche aux Moines, alors que les marais de Goulaine prolongent les nombreuses boires d'amont. Privilège de cette Basse-Loire, s'ajoutent au long des nombreux ports des XVIIIe et XIXe siècles, des bateaux de travail devenus bateaux d'histoire et des voiles de Loire ressuscitées.

Car cette Loire balisée, encore classée navigable en aval de La Maine, enchaînant une section fluviale et une autre fluvio-maritime (marée jusqu'à Ancenis), est bien spécifique du bassin de la Loire. La mémoire marinière y reste active et le potentiel de navigation important, illustré par les croisières de bateaux patrimoniaux et de tourisme, lien inter sites.

 

Ce profil fluvial et patrimonial de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, au fort fondement archéologique, environnemental marqué d'aménagements et technique, se différencie nettement de celui de la Région Centre aux vals dominés par les monuments historiques justement renommés des grands "Châteaux de la Loire", Blois, Amboise, ou d'à côté, Chambord (dans sa forêt), Chenonceaux (sur le Cher), Azay-le-Rideau (sur l'Indre), jalons de la riviera royale du XVIe siècle. Ces sites phares de notoriété mondiale, qui accueillent de 200 000 à un million de visiteurs par an, ont été le patrimoine d'ancrage du site Loire inscrit au patrimoine mondial de l'humanité (UNESCO). Si le concept large et évolutif de "paysage culturel"[4] le définit, marqué par les multiples apports de l’homme et héritages sociétaux, cette composante monumentale prestigieuse de la civilisation de la Renaissance y domine, de fait.

 

Le challenge d'une bonne médiation de la Loire, est de connecter les deux registres patrimoniaux, sociétal et monumental. La dimension domaniale ou monarchique du château, élément clé d'une organisation foncière, économique, sociale, politique de l'espace ligérien au Moyen Age et sous l'ancien régime en fournit le lien. S'ajoute, à l'échelle du bassin de navigation, la présence et le rôle des grandes villes ligériennes, pôles de richesse et d'organisation économique et politique de l'espace fluvial ligérien jadis[5], éléments majeurs d'une d'interprétation patrimoniale de bassin.

Si le val de la Loire Angevine et Armoricaine incorpore lui aussi un héritage millénaire, produit d'une histoire jadis guerrière, c'est le fond d'héritages d'activités économiques anciennes ou maintenues presque jusqu’à la fin XXe siècle (marine des Pétroles de l'Ouest), grâce à une situation d'ouverture maritime et de navigabilité relative, qui l'emporte.

Ses clés de lecture paysagère et d'interprétation patrimoniale sont celles d'une connaissance largement renouvelée par les travaux des associations culturelles de site et la recherche scientifique, muséographique et universitaire. Elles sont le préalable et le fondement de la valorisation culturelle et touristique.

 

De longue date et puisant ses racines dans la Loire de la Renaissance et de la pléiade, la littérature et le patrimoine littéraire surgissent du fleuve et de ses rives, "parfait miroir du fleuve"[6]. De Du Bellay à Julien Gracq, ses ancrages sont transversaux aux sites et au temps, témoignant aussi bien du fleuve voyagé, que de son déclin marinier et utilité esthétique. De Rochefort et son école de poètes, à Saint-Florent le Vieil, Ancenis (Lucien Bodard), Nantes, la Basse-Loire armoricaine, pétrie d'écriture, s'intègre aussi à un amont d'écrivains, celui de Charles d'Orléans et Maurice Genevoix.

 

1 2       L’archéologie fluviale et la géoarchéologie, des héritages patrimoniaux éclairant l'histoire et les paysages du val

 

L’archéologie fluviale du lit mineur dynamique

 

La Loire Angevine et Armoricaine recèle des richesses archéologiques exceptionnelles.

Ce sont d'abord celles du lit mineur dynamique, ouvrages fixes et épaves, que l'érosion anthropique de son épais manteau alluvial et l'important abaissement corrélatif de la ligne d'eau, ont révélé ces vingt à trente dernières années.

 

Ouvrages et aménagements fixes

 

De nombreux ouvrages et aménagements fixes, médiévaux surtout et d'ancien régime, épis de grandes pêcheries, chaussées à moulins et duits péagers du Xe au XIVe siècle, structures de grande envergure comme au Grand Aireau (Grand Bras de Saint-Georges) et à Ancenis, ont été relevés en plan et altitude et pour une petite partie datés.[7] Une autre Loire a surgi, médiévale, beaucoup moins chargé en sable et alluvions que celle qui a suivi à l'époque moderne.

 

Epaves et bois de bateau

 

De même a-t-on trouvé de la Vienne à la Divatte un grand nombre d’épaves, parties de bateaux et fragments, depuis les pirogues de l'âge du bronze ou d'époque gallo-romaine à médiévale[8], jusqu'aux chalands des XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles parfois encore chargés d'ardoises (bras de Saint-Georges), de tuffeau (en aval d'Oudon), ou encore enduits d'une pellicule de chaux (bras de Chalonnes). Des maillons manquants, ceux de bateaux assemblés à enchème monoxyle (liaison bord fond taillée dans la masse) ont été découverts, petits chalands de transport, ou "scutes" de travail fluvial (à bords ouverts et fortement membrés), ou moulins-nefs soigneusement construits (l'inertie de leurs lourdes pièces épaulant le travail mécanique des axes des roues à aubes et des meules). Ce nouveau regard sur la Loire, contre-partie positive d’une érosion anthropique intense dans un lit alluvial qui s'épaissit en Basse-Loire, est un privilège de cette section, du moins pour les épaves. Non seulement il enrichit à chaque étiage[9] la connaissance nautique et marinière de la Loire, mais aussi la relation de l'homme à son milieu, bien avant les levées, milieu amphibie travaillé et assimilé par des paysans pêcheurs. Il n'a pas son équivalent quantitatif en amont et il s'incarne déjà dans des collections significatives, inventoriées et en cours d'étude[10]. Bien sur, ce type de recherche est à développer dans tout le bassin.

L’archéologie du lit majeur et de ses abords

 

Les richesses archéologiques sont aussi celles du lit majeur et de ses abords, rives fossiles et bras comblés, sols alluviaux des hautes terrasses, sols des coteaux et revers de plateaux, avec des découvertes plus éparses d'un potentiel encore enfoui, mobilier lithique préhistorique, mégalithes, céramiques gallo-romaines et médiévales, cortège souvent présenté par les expositions de l'ARRA et de ses membres[11].

La connaissance des paléoenvironnements, l'anthropisation de la Loire et de son val

 

Tous ces témoignages jalonnent l'élaboration d'un paysage et d'une société fluviale très liée à la Loire jusqu'au début du XXe siècle et dont nous assumons aujourd'hui l'héritage culturel.

La connaissance des paléoenvironnements en permet une meilleure interprétation, en particulier de la genèse du val et des relations hommes milieux ces 8000 dernières années, avec des observations[12] faites en vallée de l'Erdre, à Rezé, en Loire à Montjean et dans le Grand Bras dans la basse Romme à Champtocé, dans la vallée du Havre d'Oudon. Les diagrammes polliniques croisés aux données morphosédimentaires éclairent l'élaboration du val et du lit de la Loire et l'évolution des sociétés utilisatrices, permettant ainsi de constater dès la période du bronze la présence du chanvre et d'éclairer le contexte de ruralité fluviale des pirogues découvertes en Loire Armoricaine[13]. La démarche se propage dans le bassin amont[14].

 

A la lecture de l'aménagement du lit mineur de la Loire médiévale, on comprend mieux, en amont des Ponts de Cé, le passage au système des levées et la colonisation du val[15], certes à la faveur de l'élargissement considérable du Val d'Anjou – vallée de l'Authion et de la paix comtale du XIIe siècle, mais aussi d'une maîtrise progressive du milieu fluvial, aménagé dans son lit dynamique (épis de pêcheries, duits de moulins) et en limite du lit mineur (talus, turcies, levées du bourrelet alluvial). Les travaux de confortement de la grande levée en son pied (de La Ménitré aux Rosiers ..), devraient être l'occasion de fouilles d'accompagnement pour en mieux connaître la genèse et les contextes de développement et d'utilisation, ruraux et mariniers.

En Loire armoricaine les levées du XVIIIe et XIXe siècle, dont les vals alternent avec des presqu'îles et grandes îles inondables, sont encore complétées de bourrelets alluviaux talutés et de murets anciens anti crues, dispositifs archaïques élargissant et éclairant un sujet d'échelle et d'intérêt ligérien. Ainsi, depuis les épis des pêcheries et duits médiévaux du lit dynamique jusqu'à ces différents ouvrages de type levée artificialisant progressivement le lit majeur, établit-t-on la gamme de l'anthropisation de la Loire et de son val (complétée par les épis de la Loire Navigable en aval de Bouchemaine, 1906-1930). L'ensemble a formé le cadre topographique d'une charge alluviale croissante, liée aux défrichements et au petit âge glaciaire, aboutissant à de nouveaux équilibres.

A l'inverse, les avatars des prélèvements sabliers et aménagements fluviomaritimes de la seconde moitié du XXe siècle en provoqueront rapidement la rupture et le déséquilibre actuel.

 

Humanisation du paysage, anthropisation du milieu, héritages culturels, données naturelles – transformées, constituent le milieu patrimonial fluvial. Il est à restituer dans sa dynamique évolutive récente et ancienne, celle de l'holocène et des paléoenvironnements, jusqu'aux états du fleuve avant l'homme utilisateur, pour mieux en saisir l'intervention depuis le néolithique. Ainsi la "géoarchéologie" contribue-t-elle à la connaissance réciproque du patrimoine fluvial et de ses environnements successifs, dans une démarche systémique spatiale et temporelle.

La définition de ce patrimoine en procède, issue de tous les types d'utilisation du milieu fluvial et de val engendrées par l'homme. Elle s'étend de l'ouvrage fixe du lit, aux campagnes générées par son aménagement, aux objets mobiliers piégés par les alluvions, témoignant de la pêche et de la navigation, aux infrastructures portuaires interface avec les ressources du pays riverain elles mêmes incluses dans leurs héritages.

Ainsi les campagnes du Val de Loire, aux structures agraires rythmant le paysage encore largement héritées de la colonisation pionnière (malgré les récent aménagements), puisent-elles leur originalité dans cette relation au fleuve, du polder fluvial achevé de la Vallée d'Anjou-Authion aux îles inondables, en passant par les vals de Saint-Germain, de la Thau, de la Divatte - aux bassins versants subissant leurs propres crues. Au-dessus, s'articulent coteaux et revers de plateaux, vignobles et bocages, longtemps influencés par le fleuve et ses débouchés.

La Loire frontière des châteaux, de la gabelles et des douanes

 

La coupure amont - aval des Ponts de Cé, patrimoniale autant que paysagère, s'explique aussi par le contexte ancien (dès l’époque Celte) de la Loire frontière, qui a généré, surtout depuis le Haut Moyen Age et l’opposition entre Bretagne et France mérovingienne et carolingienne, un front de guerre renforcé par la présence normande au IXe siècle. Il a suscité la création de nombreuses places fortes[16] depuis le Cellier (château Guy, site ancien des Folies Siffait) jusqu’aux Ponts-de-Cé, dont les forteresses bretonne d'Ancenis et royale de Champtoceaux, les verrous de Champtocé et Montjean, de Rochefort et Savennières, des Ponts-de-Cé, chaîne de forteresses induite par la réorganisation féodale des grandes principautés riveraines. S'intercalant, les châteaux de Serrant, Clermont .., complètent dans une fonction résidentielle, en écho de l'amont des résidences royales, ces forteresses à péage.

C'est ensuite l'histoire du vis-à-vis souvent belliqueux du royaume de France et de la Bretagne, puis celle, épique, de la cloison d’Ingrandes, douane et frontière du sel[17] jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, qui donne sons sens à une section de Loire marquée par la mémoire du faux saunage et l'architecture des casernes de gabelous.

 

1 3       L'héritage marinier au sens large : des industries nées aussi de la Loire et une tradition marinière ligérienne, régionalement prolongée

 

Le patrimoine industriel, héritage des mines et carrières

 

Le patrimoine industriel, héritage des mines et carrières très liées dans leur développement au fleuve multiplicateur de leur marché par son bassin de navigation, est un trait majeur du patrimoine fluvial de la Basse-Loire. Un patrimoine en creux sous-tend l'architecture ligérienne de l'ardoise et du tuffeau.

 

Les carrières de tuffeau et le troglodytisme souvent de réemploi de ces cavités séculaires, ponctuent le coteau saumurois, une douzaine de sites visitables donnant accès, souvent par des caves de vinification, aux voûtes sur piliers ou galeries plus récentes. La Loire, porteuse de la pierre à bâtir est largement responsable des 1500 à 2000 km de linéaire souterrain ouverts depuis l'époque gallo-romaine et de cette civilisation de la pierre et du vignoble.

 

L'ardoise, ou plutôt le schiste ardoisier entaillé par la Loire de Saint-Saturnin aux Ponts-de-Cé, l'encadre de buttes de déchets à Juigné et surtout à Trélazé et par de vastes carrières pour partie envahies par la crue de 1856. Ces ardoisières doivent leur grand essor au "chemin qui marche" ligérien[18]. Le vaste territoire et paysage patrimonial ardoisier des vieux fonds et anciens ateliers de plein air et des chevalements de mine et ateliers modernes qui leur ont succédé est à corréler à la Loire qui a porté des centaines de millions d'ardoise.

 

Du Haut Layon à Languin (Nort sur Erdre), au fil du Sillon Houiller de la Basse Loire, s’alignent les sites et héritages industriels des charbonnages et chaufourneries (des lentilles de calcaire primaire flanquant les terrains carbonifère) et plus au nord, moins liés à la Loire, ceux des forges et mines de fer, témoignages conséquents d’une proto-industrialisation pionnière puis de la Révolution industrielle en Basse-Loire[19]. Depuis la calcination de la pierre à chaux au XVIIe siècle au charbon de terre, l'utilisation précoce de machines à vapeur, machines de Newcomen puis de Watt au XVIIIe siècle, dans les mines de Languin, Montrelais et de Saint-Georges Châtelaison, jusqu’au fonçage à Chalonnes en 1840 de puits dans les alluvions humides de la Loire par le procédé du caisson pneumatique de l’ingénieur Triger[20], l’histoire industrielle est riche d’innovations. Elle reste illustrée par de nombreux jalons, discrets (terrils, têtes de puits), ou monumentaux consultables en bord de Loire (Chalonnes, Montjean aux trois ensembles M.H. dont un grand chevalement en pierre), au fil de parcours thématiques.

 

La tradition métallurgique s'exprime à Nantes et dans l'estuaire, dans une relation plus diffuse au fleuve et moins monumentale car évolutive et parfois encore active. A la mémoire de la "navale" nantaise disparue, répondent heureusement les chantiers se Saint-Nazaire très liés dans leur origine à la fonction d'interface océanique de l'estuaire et la métallurgie de transformation incarnée dans le vis à vis Indret - Basse Indre, arsenal et emballage métallique.

 

La tradition marinière liée à la navigabilité de la Basse Loire

 

La tradition marinière liée à la navigabilité de la Basse Loire s'est longtemps maintenue et reste encore très vivante dans la mémoire et la pratique fluviale d'entre Vienne, Maine et estuaire, ayant fait l'objet de maintes démarches ethnographiques[21].

 

Les nombreux ports sont les monuments de la Marine de Loire[22] après en avoir été les outils multiples et fondamentaux, s'exposant en des morphologies évolutives, de la cale abreuvoir pentue à la cale en tablier, marquées par la relation à la route et à l'arrière pays.

 

Après un Moyen-Age déjà actif, ce fut l’époque et le développement aux XVIIe , XVIIIe, XIXe siècles de la Grande Marine de Loire à la fonction nationale remontant de Nantes à Orléans et Briare (1642) jusqu'à Paris via les canaux, le sel, les vins, l’ardoise, le sucre, frets portés par les équipes de Loire toutes voiles déployées au vent de mar. L'archéologie fluviale épaule les travaux historiques d'archives pour en apprécier le rôle et les modes techniques et nautiques dans l'essor des villes ligériennes, celui de l'économie proto-industrielle et même dans la genèse nationale de la France. C'est là le tronc commun culturel des provinces de l'ancien bassin de navigation de la Loire, chaque section et sous-bassin ayant ses spécificités dans un système fluvial marinier d'échanges amont aval et de communications multiples à l'échelle de la France.

 

On peut lier à la marine, fluviale et surtout maritime (débouché des voiles et cordages), l'héritage chanvrier des fermes de la Vallée d'Anjou et des fours à chanvre et brairies des îles (de Chalonnes, Batailleuse ..) et des vallées restées souvent inondables, échelonnés de la Touraine (Bréhémont) à la Vallée d'Anjou-Authion, à Saint-Jean de la Croix, jusqu'à l'aval du val de La Divatte, la Chapelle Basse-Mer, St-Julien de Concelles. La relation d'utilisation à Angers s'impose, centre majeur de manufactures de toiles à voile et de corderie industrielle du XVIIIe siècle à la première moitié du XXe siècle (Etablissements Bessonneau) et à un degré moindre à Nantes et Paimbœuf (corderies).[23]

 

Ce fut ensuite de la mi XIXe à la mi XXè siècle le temps de la marine de la Basse-Loire et des routes de la chaux, du tuffeau et des messageries diverses vers la Bretagne et le bassin de la Maine, une navigation prolongée pendant la seconde moitié du XXe siècle par celle des chalands pétroliers navigant de Donges à Bouchemaine et par les chalands adaptés puis spécialisés de l’extraction sablière.

Les derniers bateaux désarmés de ces dernières flottes de Loire sont disponibles pour un réemploi culturel et touristique, qu'il s'agisse d'anciens chalands "nantais" en fer, d'automoteurs de Loire et Mayenne, de chalands pétroliers ou sabliers.

 

2         Des territoires et pays patrimoniaux riverains faits et marqués par la Loire
2 1       Principes d'une "spatialisation patrimoniale" à combiner à l'approche paysagère traditionnelle d'analyse de l'espace fluvial.

 

Ce cortège patrimonial de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, aux thèmes (objets, édifices) répartis de manière parfois homogène mais souvent entrecroisée, ou essaimée sur l'ensemble, inégalement présents ou denses selon les sections de Loire, s'inscrit dans une territorialisation de l'espace ligérien. Il l'exprime selon le critère du patrimoine dont une présence thématique principale ou des combinaisons définissent des territoires, bassins voire pays patrimoniaux différents, mais avec un tronc patrimonial commun, fluvial, au même fondement marinier portuaire, fil bleu de l'aménagement culturel fluvial ligérien.

Les territoires patrimoniaux

 

Les territoires patrimoniaux s'expriment d'abord dans le paysage du val, illustrant sa composante culturelle principale ou combinatoire, fermes d'îles épaulées par les fours à chanvre, fours à chaux signal du sillon houiller, levée bornant un terroir de vallée, orifices tuffeliers du coteau saumurois coiffé de vignobles, chaîne de forteresses ruinées .. Ces indices, cohérents avec leur contexte paysager (d'îles inondables, de coteau entaillé dans le tuffeau turonien ou le grès carbonifère, correspondent souvent à des pays riverains fonctionnels jadis, définis par une économie locale alors développée par le croisement d'une ressource ou le cortège de quelques unes, avec le rôle de "roulier" du fleuve les ayant stimulées. Ainsi de l'essor des vignobles, des productions de tuffeau, chaux, chanvre .. Leurs héritages, de proximité fluviale (sur rive ou à quelques kilomètres), ponctuent encore le paysage, "marqueurs" définissant par leur fréquence des territoires patrimoniaux, plus ou moins reconnus de leurs populations et gestionnaires, en fonction de prises de conscience patrimoniales inégales.

 

Au sein de ce patrimoine, les nombreux ports, à la fois jalons fluviaux communs de la fonction portuaire et interfaces des pays riverains et de la Loire, expriment par l'évocation de leurs trafics spécialisés (vin, bois, chaux.. poteries) la trame patrimoniale des activités anciennes des arrière pays du fleuve (le Baugeois des tuiles et forêts pour les Rosiers, Saint-Mathurin ..), la solidarité patrimoniale pouvant se substituer, ou faire écho à la solidarité fonctionnelle de jadis.

 

Ainsi, dans cette Basse Loire Angevine et Armoricaine, la répartition de patrimoines spécifiques, dans leur relation au fleuve jadis, permet de différencier, combiné au support paysager géo environnemental, non seulement les deux grands ensembles spatiaux et paysagers de la Loire du tuffeau et de celle du schiste, mais aussi les territoires patrimoniaux qui les scindent, bien définis en leurs cœurs et parfois prolongés d'antennes plus diffuses, posant la question des limites. Le concept de paysage culturel[24] s'y applique pleinement, son traitement patrimonial relevant largement de l'approche territoriale.

Quant au tronc patrimonial commun de l’archéologie fluviale, dont les foyers denses de découverte sont d'abord fonction de l'activité de pôles de recherche (sections de Montjean et d'Ancenis), il n'intervient qu'en seconde ligne, étant relativement homogène dans sa répartition. D'approche confidentielle à l'étiage, il pose toutefois la question d'un traitement territorial et muséographique de ressources patrimoniales fondamentales, relevant de la création d'un pôle d'archéologie fluviale nautique. A l'inverse, les terroirs du chanvre et des coteaux vignerons, presque partout représentés, s'ils nécessitent une approche spécifique muséographique, se prêtent-ils à une médiation de parcours culturel.

Bassins et pays patrimoniaux

 

Toutes ces clés de lecture et d'interprétation du patrimoine ligérien sont trop souvent méconnues, ou sous estimées et sous utilisées, alors qu'elles sont le fondement majeur d'un aménagement nuancé de l'espace culturel, porteur de synergie patrimoniale et économique.

La première étape est celle de la prise de conscience qui fait du territoire patrimonial l'objet d'une valorisation volontaire débouchant sur une offre culturelle et touristique organisée. Il devient un bassin patrimonial, ressource de développement local.

Le pays patrimonial est d'abord le pays de la tradition historique, à la population empreinte d'une identité culturelle portée par une forte géographicité (sentiment vécu d'appartenance territoriale). Une dynamique économique et politique peut de plus s'y exercer, débouchant sur une représentation porteuse de représentativité et confortant une personnalité culturelle plus ou moins forte, emboîtement de traits sociaux, patrimoniaux, économiques, ainsi en Vallée d'Anjou-Authion, dans les Mauges, pays coïncidant dans une large mesure, avec un territoire et bassin patrimonial (sous réserve, fréquente, des marges).

2 2         L'articulation des territoires patrimoniaux et des territoires politiques

 

La difficulté d'un aménagement culturel territorial est d'articuler territoires patrimoniaux et territoires politiques (au sens large, circonscriptions administratives diverses, électorales, communautés E.P.C.I. (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale), nouveaux pays, départements, régions même), dont les limites sectionnent souvent le territoire et sujet patrimonial. Celui-ci, quand il n'est pas ignoré, est confronté à des responsabilités, prérogatives, décideurs territoriaux multiples. Les projets culturels et touristiques différents peuvent ne pas tenir compte du champ patrimonial commun, ni réunir la masse critique d'intérêt lui permettant de passer la rampe auprès des décideurs d'abord, puis du public. Le degré d'adéquation, ou de distorsion des limites patrimoniales aux limites politiques, est un des enjeux de l'aménagement culturel du territoire. Le territoire fluvial est de ces points de vue particulièrement éclaté, pour des raisons déjà anciennes, mais aux effets amplifiés par la création des nouveaux E.P.C.I. aux compétences élargies[25].

 

L'issue est dans une spatialisation patrimoniale, créée sur la base du site ou mieux du territoire patrimonial, promu en bassin patrimonial d'intérêt commun, structure transversale aux circonscriptions administratives et politiques concernées. Ce traitement implique non seulement une prise de conscience du clivage et du frein qu'il peut représenter, mais aussi une perception nuancée des limites intercommunales et surtout de pays, éventuellement au-delà (départements et régions), avec dans le cas fluvial ligérien pour la population un sentiment de double appartenance (de rivière et de pays riverain), additionné pour les élus d'un certain altruisme. C'est heureusement parfois le cas (cf. ci-dessous le tandem Oudon-Champtoceaux), avec une tendance fédérative à la coopération ligérienne.

 

Les nouveaux pays politique et communautés d'agglomération des lois Voynet et Chevènement, créations contemporaines[26], peuvent correspondre aux pays historiques, ou être fondés sur des bassins de vie ou d'emplois relevant de polarités urbaines, politiques, économiques plus contingentes. En tous cas, leurs compétences (par le tourisme en général), capacités budgétaires, besoins identitaires ou au moins d'images, peuvent les conduire à développer - entre autres actions, un bassin patrimonial.

 

Ce problème du clivage territorial patrimonial, général à l'ensemble des limites administratives, peut être transcendé par une transversalité ad hoc, pouvant exister à différentes échelles et degrés de spécialisation. Le SIVU (Syndicat Intercommunal à Vocation Unique) fournit une solution structurelle d'aménagement patrimonial et touristique pour un territoire restreint, ainsi Oudon-Champtoceaux, au SVU à la fois inter communautaire, inter pays, inter départemental. Avec des objectifs environnementaux larges et sur un territoire bien plus vaste, les P.N.R. (Parcs Naturels Régionaux) créent les bonnes conditions (objectifs, chartes de qualité ..) d'un traitement patrimonial et muséographique du territoire (cas d'écomusées de Parcs, tel celui de Bretonne en Normandie). Des structures patrimoniales adaptées relèvent de l'aménagement culturel et territorial spécialisé, l'écomusée (valorisation in situ du patrimoine, avec participation des populations)[27], le P.E.P. (Pôle d'Economie du Patrimoine), le Pays d'Art et d'Histoire (souvent lié au concept précédent). La simple relation inter sites passant par la "convention de développement culturel" de pays et un contrat de plan Etat – Région (volontiers soutenue par les DRAC), créent, sur des objectifs culturels larges (du réseau de bibliothèques au réseau de musées et sites patrimoniaux, cas des Mauges, un réseau de partenaires avec des moyens communs.[28]

2 3         Territoires et bassins patrimoniaux de la Basse Loire Angevine et Armoricaine

 

La Basse Loire Angevine et Armoricaine est donc appréhensible en territoires patrimoniaux, base spatiale d'une réalité patrimoniale objective, avec présence de marqueurs caractéristiques. Ils correspondent parfois d'emblée à des bassins patrimoniaux, ceux d'une offre organisée (souvent généraliste, pluri patrimoniale et assez élémentaire), relevant de pays institutionnels, parfois en cours d'institutionnalisation, ou "de fait" (pôle touristique). Ils sont parfois segmentés, par des limites anciennes renforcées (EPCI) de fraîche date. Leur identification conduit à la question, abordée plus loin, des transversalités, liens, complémentarités et agencement en réseau.

L'amont de la Vallée d'Anjou-Authion et du Saumurois

 

Cette section et entité du Val de Loire, se prolongeant en Touraine, chapeautée par Saumur et unitaire en tant que structure géologique, se dédouble selon l'axe de la Loire dans sa morphologie, ses paysages et terroirs, son économie et sa patrimonialité.

 

Le Saumurois, pays patrimonial historique et bassin touristique

 

Le Saumurois, campé sur son coteau, constitue bien au-delà de l'agglomération au sud, un pays patrimonial historique et un bassin touristique de fait, aux nombreux monuments et à la forte originalité tuffelière, troglodytique et vigneronne. Doté de plus d'une délicate architecture rurale d'époque (mitage relativement faible), il fait transition et lien avec la Touraine à laquelle il est rattaché dans le cadre du PNR (Parc naturel régional)[29]. Les ports du tuffeau frangent sa falaise calcaire de Montsoreau à Cunault, Gennes.

 

La Vallée d'Anjou Authion, territoire et pays patrimonial

 

La Vallée d'Anjou Authion, lui fait face, en creux sous la Grande levée, ses terroirs poldérisés s'échelonnant du bourrelet alluvial riverain de la Loire aux prairies anciennement inondables, puis aux terrasses. Les villages et certaines "rues" (axes de la colonisation de la "Vallée" à partir de la levée) sont équipés de ports ruraux, longtemps chanvriers (rouissage) avant d'être délaissés par la reconversion grainière. L'aventure pionnière de la conquête et de l'exploitation du val, l'odyssée de la levée et de la mise hors d'eau, mais aussi la vulnérabilité aux crues centennales, font sa spécificité, lui conférant une personnalité géographique et patrimoniale forte, devenue institutionnelle.

Angers, au carrefour de Loire et Maine

 

Le carrefour angevin de Loire et Maine, né d'une double charnière, géologique et de confluence hydrographique, fournit le trait d'union, aval / amont de la Basse Loire. La Daguenière, port de l'ardoise arrivant jadis par charrois de Trélazé toute proche, introduit au corridor de schiste. Des coteaux de Bouchemaine, la confluence conduit à Angers ville-pont sur la Maine, que les Ponts-de-Cé prolongent sur la Loire. Cet emboîtement de sites et une situation de place forte d'une marche frontière, en ont fait – via l'épopée Plantagenêt – une capitale de l'ouest européen médiéval. Ce site semi-ligérien et sa fonction d'emporium du bassin de la Maine en ont fait une ville de la Loire, que le val chanvrier, la marine et leurs manufactures de toiles à voile et de cordages, ont fortement contribué à développer. Le "pays" d'Angers et la communauté d'agglomération "Angers Loire Métropole" s'en souviennent et s'y ressourcent.

La Loire armoricaine, angevine et nantaise

 

Le paysage armoricain, dès la transition du vis à vis Saint-Gemmes – Mûrs- Erigné, puis dans le face à face coteaux de Savennières et de Rochefort, succède aux larges horizons du Val d'Anjou : vals resserrés entre coteaux vignerons, ponctué de rochers belvédères que Turner a romantiquement magnifiés, à Montjean, Saint-Florent, Champtoceaux, La Varenne, donnant à la Loire armoricaine une allure rhénane. La Corniche Angevine de Rochefort à Chalonnes et son homologue aval en rive droite du Cellier et des Folies Siffait (nantaise, mais que l'on pourrait aussi appeler Corniche Bretonne), y constituent avec leurs vals des unités paysagères bien connues. Mais c'est l'ensemble des héritages sociétaux qui par leur répartition confère originalité et identité culturelle à des territoires patrimoniaux qui restent à promouvoir en bassins.

 

Le territoire patrimonial de Layon et Loire 

 

Le territoire patrimonial de Layon et Loire  est marqué par l’importance du patrimoine industriel du Sillon Houiller de la Basse-Loire, depuis les sites charbonniers de Saint-Georges Châtelaison et les fours à chaux du Layon jalonnés des vestiges d'écluses et gares d'eau du "Canal de Monsieur" (le Layon équipé). Ce cortège se densifie depuis Saint-Aubin de Luigné, Chaudefonds, passant par le site belvédère de la Corniche Angevine et des Malécots (terril du dernier puits exploité) suspendu au-dessus du Louet, puis par Chalonnes et la chapelle Sainte-Barbe des Mines, Montjean et deux chaufourneries inscrites Monuments Historiques (Châteaupanne et Pincourt), ainsi que l'exceptionnel chevalement en pierre du puits de la Tranchée.

 

Avec quelques discontinuités, la thématique et son extension sont de dimension et d’intérêt régional, atteignant l'ouest de l’Erdre (Languin), avec en Loire-Atlantique et au nord de la Loire, les sites de Montrelais, Mouzeil.. participant au territoire patrimonial du pays d'Ancenis, lui-même frangé de forges plus au nord et très lié par ses débouchés jadis, à Nantes et à l'estuaire.

 

Le morcellement inter communautés de communes et inter pays subdivise cet ensemble patrimonial, non seulement au passage de la Loire (limite départementale), mais aussi en son cœur géologique et monumental entre Chalonnes et Montjean.

 

Le territoire patrimonial de la frontière Anjou-Bretagne

 

Le territoire patrimonial de la frontière Anjou-Bretagne est marqué par l’héritage caractéristique de l’architecture médiévale d’Ancenis à Oudon-Champtoceaux, thème chevauchant, qui se prolonge en amont jusqu'aux Ponts de Cé par les sites fortifiés de l'ancien verrou angevin, à la réalité archéologique discrète (châteaux de la Roche aux Moines et de Saint-Offange). Sous l'Ancien Régime, l'illustration en est la frontière du sel et du faux saunage très actif d’Ingrandes-Le Fresne (maison du mesurage et caserne de la Gabelle) à La Meilleraie-Saint-Florent le Vieil, où se coule ensuite en octobre 1793, traversant la Loire, la "virée de galerne" ou les guerres de Vendée en pays chouan. La rupture départementale et de pays nord sud est atténuée par le SIVU Oudon Champtoceaux et des partenariats associatifs.

Nantes et ses pays

 

L'aval est dominé par la présence de Nantes, dont le poids patrimonial peut se décliner en trois sous-ensembles.

 

Le pays patrimonial du val de la Divatte

 

Le pays patrimonial du val de la Divatte correspond à l'aire d’influence amont de l’agglomération nantaise, récréative (en témoigne un balnéarisme ligérien "1900"), maraîchère (à l'originale campagne peignée de billons portant muguet, poireaux), rurbaine actuelle (périurbanisation).

C'est aussi celle du port fluviomaritime de Nantes, avec l'impact déséquilibrant (marnage important et remontée du bouchon vaseux) de la politique de creusement du bassin de marée et de l’exploitation sablière corrélative, elle-même stimulée par le marché urbain des travaux publics.

C'est en conséquence, à l'issue de l'interdiction de l'extraction sablière dans le lit mineur, la présence (ainsi en Boire d’Anjou) de la dernière flotte de Loire, sablière, des anciens bateaux de messagerie transformés (avec grues crapauds) et bateaux spécialisés récents de plus fort tonnage. Un héritage menacé de ferraillage (en grande partie déjà réalisé) et de dispersion, dont il conviendrait de prendre "le solde" en considération, ainsi du "St-Maurille A-P" (1910) ou de l"Anie-Paul" (1976).

Question de la relation à la rive nord escarpée de la Corniche nantaise.

 

Nantes la Bleue, ville port fluviomaritime et industrielle

 

Nantes, ancienne ville port fluviomaritime et industrielle procède autant de la Loire que de l'océan et de son horizon maritime, ayant bénéficié longtemps de l'arrière pays ligérien. Le fleuve participe au trafic triangulaire qui a considérablement enrichi la ville au XVIIIe siècle.

L'industrialisation du XIXe siècle est nettement plus maritime, débouchant sur une occultation de la majorité du linéaire portuaire fluvial dans l'entre-deux-guerres et après (du rattachement de l'île Feydeau aux voies sur berge occultant les quais Moncousu, Magellan).

Il n'empêche, on ne peut comprendre l'importance nationale du bassin de navigation de la Loire sans poser le rôle de Nantes ouvrant vers l'amont, pour former avec Orléans un dynamique tandem au rôle national.

 

L'estuaire patrimonial

 

L'estuaire patrimonial, unité morpho hydrologique reliant plusieurs pays, illustre par ses héritages et activités contemporaines, ses fonctions portuaires et industrielles développées en complémentarité avec Nantes, au site portuaire maritime limité.

L'ascendance nantaise s'efface progressivement, des friches industrielles navales de Dubigeon et des A.C.B., à l'arsenal d'Indret où le patrimoine industriel (anciennes foreries de canons ..) point sous les ateliers modernes, à la métallurgie de Couëron dont le signal, la tour à plombs, domine le Canal maritime abandonné de la Martinière inscrit en rive gauche. Si Paimbœuf est l'avant-port historique de Nantes avec un patrimoine maritime conséquent, Saint-Nazaire a tôt gagné une autonomie fonctionnelle et donc patrimoniale, liée à sa double fonction maritime, port de pondéreux interrégional (avec Montoir et Donges) et de construction navale au marché mondial. Mais de ce point de vue, là aussi, pas d'interprétation de l'estuaire patrimonial sans recours à l'amont fluvial nantais et à la Loire, fleuve jadis pourvoyeur en bois, chanvre, produits métallurgiques, des arsenaux et chantiers.

 

Entre ces territoires et bassins patrimoniaux, on perçoit le lien interprétatif ligérien, en fait un "filage" de thèmes patrimoniaux et une succession d'utilisations et mises en valeur spatio-temporelles du fleuve et de son val. La constante marinière s'y prolonge aux XIXe et XXe siècles dans le cadre d'une Basse Loire océane, ouvrant au Maine, puis à la Bretagne, témoignant d'une fonction de carrefour hydrographique et identitaire, aux fondements anciens à plusieurs reprises renouvelés.

 

3       Pour un projet et aménagement du patrimoine culturel ligérien de la Basse Loire Angevine et Armoricaine

 

3 1       Un patrimoine travaillé : études scientifiques, réalisations associatives et muséographiques, bases de projets patrimoniaux

 

Non seulement la matière patrimoniale ligérienne est présente sur le terrain fluvial, mais elle est aussi largement disponible, travaillée depuis plus de trente ans.

Le visage ligérien de la patrimonialisation, Voiles de Loire et recherche

 

Parce que la vie économique et l'identité ligérienne s’y sont prolongées plus longtemps et intensément qu'en amont, la Basse Loire Angevine et Armoricaine a tôt suscité des initiatives de recherche, des collections, des sites de médiation et valorisation culturelles et des animations en grand nombre. Elles sont le visage ligérien de la patrimonialisation, phénomène culturel général et populaire d'intérêt au patrimoine sociétal, héritier des courants A.T.P. (Arts et Traditions Populaires) et historique aussi des Annales. Courant principalement associatif, porté par les mutations techniques, économiques foudroyantes du dernier demi-siècle, il a conduit à la conservation d'architectures, outils, savoir-faire, éléments constituants de la culture humaine. S'ajoute la recherche de repères dans une démarche qui atteint parfois des dimensions vécues identitaires.

 

Mouvement néo-mariniers des "Voiles de Loire"

 

Ainsi des mouvement néo-mariniers des "Voiles de Loire", s'incarnant dans l'association fédérative de bassin du même nom, très représentée en Basse-Loire, à Saumur, Saint-Hilaire, Le Thoureil, Angers avec l'association Ellébore spécialiste de l'ethnomusicologie ligérienne, La Possonnière, Montjean .. Saint-Jean de Boisseau et qui publie une lettre de liaison riche en informations[30]. Les fêtes et rassemblements de bateaux, où les grandes villes, en dernier lieu Orléans, s'investissent, popularisent largement le patrimoine fluvial.

 

La recherche muséographique et universitaire

 

La recherche muséographique, partant du terrain patrimonial, a initié et accompagné le mouvement. Dans une nouvelle dimension anthropologique et technique, citons le rôle phare de François Beaudouin et du Musée de la batellerie de Conflans-Sainte-Honorine (et des Cahiers des amis du musée), trouvant de l'écho à Chinon et Montjean (application de la démarche ethnoarchéologique). Les recherches institutionnelle (Inventaire) et universitaire ont suivi, se développant sur ces sujets, élargissant les champs d'étude (cf. biblio.), innovant dans le domaine des paléoenvironnements.

 

Il convient de développer le tout, suivant des modes interdisciplinaires et de transdisciplinarité appliquée au patrimoine fluvial, de portée muséographique dont le souci de la médiation et transmission culturelle.

Il existe un capital important d'études et outils culturels, sites d'interprétation du patrimoine et musées, fondements d'une valorisation patrimoniale déjà signifiante et chaîne de préfiguration d'un projet à développer. Nous les évoquons au fil de la Loire, retrouvant le canevas amont aval des thèmes, territoires et bassins patrimoniaux, sous-tendu par les données bibliographiques.

Musées, écomusée, sites d'interprétation, associations culturelles .. l'armature de préfiguration d'un futur réseau du patrimoine ligérien en Basse Loire

 

Les grands musées urbains des villes ligériennes

 

Les grands musées urbains des villes ligériennes, musées d'Art ou spécialisés, possèdent un fonds de collections issues de l'ère folkloriste de la collecte des objets d'art populaires (devenus rares et onéreux, tels les saladiers d'apparat de mariniers) et à un degré moindre de techniques anciennes.

Saumur, dans le château du XVe siècle campé dans le livre d’heures de Charles d’Orléans, présente un "Musée des Arts décoratifs et du cheval" exposant la plus remarquable maquette d'époque de chaland de Loire, "Sainte-Claire", sans doute originaire de Saint-Clément des Levées.

Angers, dans le Musée des Beaux Arts rénové, illustre la riche histoire fluviale de la ville, avec, entre autres, de belles faïences de Nevers.

Nantes est un pôle muséographique du patrimoine fluvial ligérien. Le Musée des Ducs de Bretagne présente l'héritage du Musée des Salorges, maquettes, objets, iconographie, collection ligérienne centrée sur Nantes et ses abords, dans le contexte majeur de la collection maritime. Le Musée départemental Thomas Dobrée introduit à l'archéologie ligérienne et possède dans ses réserves les découvertes de pirogues et bateaux archaïques faites dans le passé en Loire Atlantique lors des travaux portuaires.

 

Le château de Montsoreau, les "Imaginaires de la Loire"

 

Le château de Montsoreau, avec les "Imaginaires de la Loire", constitue en amont, l'ouverture institutionnelle, en tant qu'investissement du département de Maine et Loire, de ce cortège de sites et structures rencontrés en descendant la Loire. Ses belles maquettes (œuvres de François Ayrault) et dioramas campent la vision années 1960 de la Loire marinière, révélée alors par les œuvres encore incontournables (car issues de la collecte orale) de Jeanne et Camille Fraysse[31]. Mais l'outil patrimonial, statique, est à actualiser dans sa problématique et ses contenus, à nourrir en somme au plan scientifique. Il reste de plus à connecter à la dynamique patrimoniale ligérienne qui doit s'exprimer dans cet aperçu du patrimoine ligérien.

 

Mais ce sont les courants et musées associatifs qui ont, ces vingt dernières années, le plus renouvelé, élargi, homogénéisé dans le temps et l'espace la ressource patrimoniale fluviale ligérienne.

 

Saint-Hilaire Saint-Florent

 

A Saint-Hilaire Saint-Florent est mouillé "Pascale-Carole", un grand chaland de Loire, œuvre de Jacques Robin et de ses amis "néo-mariniers", longtemps diffuseurs en Saumurois et au-delà de l'image de la Marine de Loire.

 

Le Musée des métiers de Loire de St-Clément des Levées

 

Le Musée des métiers de Loire de St-Clément des Levées (ancien nid de mariniers), introduit à la diversité des outils et savoir-faire du fleuve et des pays voisins, en un comparatif de référence.

 

L'Observatoire de la Vallée devenant Maison de la Loire en Anjou, à Saint-Mathurin

 

L'Observatoire de la Vallée d'Anjou", à Saint-Mathurin, initié par des "vallerots" dans les années 1980, est un site d'interprétation de la Vallée d'Anjou et des levées de la Loire. Il expose à la fois l’histoire et l'hydraulique de la Vallée, la saga des levées et des inondations, l'aménagement de l'Authion, de l'exhaure et de la poldérisation, mais aussi les relations de la paysannerie colonisatrice du val avec le fleuve. Installé dans l'ancienne gare du Paris-Orléans, il va migrer sur la levée et muter en une Maison de la Loire en Anjou.

 

Bouchemaine et la Loire, maison de la confluence, H.C.L.M., La Possonnière

 

Bouchemaine et Loire, maison de la confluence, offrait il y a quelques années des regards interprétatifs et des pratiques de l'environnement fluvial Loire et Maine.

HCLM (Association Histoire des Coteaux de Loire et de Maine) à Bouchemaine et Savennières, réunit dans ses bulletins les données historiques et patrimoniales de cet angle de terre vigneronne et de confluence.

A La Possonnière, une association marinière concrétise dans des rassemblements de bateaux alternant avec ceux organisés à Montjean, la culture fluviale.

 

L'Association Sainte-Barbe des Mines

 

L'Association Sainte-Barbe des Mines, valorise le patrimoine industriel minier charbonnier du bassin de Chalonnes et du Layon, à commencer par la chapelle néo-romane des mineurs restaurée. Elle enrichit la connaissance technique et topographique du sujet minier par des études et présentations des sites des charbonnages de Layon et Loire[32], jusque dans leurs travaux souterrains.

 

L'Ecomusée de Montjean Loire-Angevine, ses suites et les autres ressources montjeannaise

 

L'Ecomusée de Montjean Loire-Angevine dans sa démarche et ses investigations, de 1981 à 2003, a exprimé un territoire patrimonial croisant un ancien pays industriel (chaufournier et charbonnier) à la Loire qui le borde et à ses ressources archéologiques. L'ensemble[33] a été assez démonstratif (application navigante du chaland "La Montjeannaise") pour ouvrir la voie à une démarche ethnoarchéologique de recherche et de conservation qui devrait devenir multi sites et être coordonnée à l'échelle du bassin fluvial. Dans un contexte local aujourd'hui déstructuré, une relève d'animation fluviale en est faite par l'association "Loire et Marine à Montjean" et de manière partielle pour les autres domaines, par l'Office de tourisme, la municipalité et par des initiatives encore informelles.

"Ligériade II", bateau de tourisme pour 75 passagers, piloté par un pêcheur professionnel diversifiant ses activités, introduit au paysage et milieu fluvial montjeannais. L'"Aflam", association dérivée du Comité des Fêtes, a repris et complété en festival dit de Fibre en musique, la formule de la fête du chanvre initiée par l'Ecomusée en 1987 -1990, à partir des travaux de reconstitution de cette ancienne culture.

 

Musée d'histoire locale de Saint-Florent le Vieil

 

Le Musée d'histoire locale de Saint-Florent le Vieil évoque, entre autres, les heures "viking" du IXe siècles et celles de la Vendée militaire angevine (dont le musée fait rechercher en Loire les canons) illustrées en l'église abbatiale voisine par le magnanime Bonchamps de David d'Angers. On peut regretter la disparition de la ferme des Coteaux et de son aquarium de poissons de Loire, base d'un Observatoire de la Loire et site majeur d'animation du C.P.I.E. de Loire et Mauges.

 

Une association de recherche en archéologie fluviale développe une campagne de recherche (épaves, structures fixes).

 

Le "Palais Briau" à Varades

 

Le "Palais Briau" domine logiquement en rive droite la voie de chemin de fer initiée par la société du Paris Orléans. Il témoigne, par son propriétaire ingénieur constructeur de lignes, de l'ère du chemin de fer et du Second Empire ferroviaire qui a largement concurrencé et condamné la navigation en Loire.

 

Le Musée Joachim du Bellay à Liré

 

Le Musée Joachim du Bellay rattache par une culture littéraire prestigieuse la Loire Angevine et Armoricaine du "Petit Liré" à la Loire moyenne de la Renaissance.

 

L'A.R.R.A., "Association de Recherche de la Région d’Ancenis"

 

L'A.R.R.A., "Association de Recherche de la Région d’Ancenis", animée par de nombreux chercheurs et collectionneurs, édite une riche publication, "Histoire et patrimoine au pays d’Ancenis". Elle a généré un capital considérable d'études en histoire et archéologie pour toutes les époques de son territoire, ainsi qu'une approche géomorphologique et "archéogéographique" de la Loire (par des campagnes de terrain souvent en partenariat avec L'Ecomusée de Montjean Loire-Angevine), le tout consultable dans un Centre de documentation ouvert au public. Elle a réalisé nombre d'expositions temporaires au château d'Ancenis préfigurant une structure d'e pôle du patrimoine archéologique de val et géré les trois pirogues découvertes par ses membres.

 

"Loire en scène", à Oudon et Champtoceaux

 

"Loire en scène", double site d'interprétation du patrimoine d'Oudon et de Champtoceaux, développe dans la tour-donjon du XVe siècle, une muséographie verticale des âges historiques de la Loire et une parcours interprétatif en bateau de tourisme, avec "La Luce", à partir de l'exceptionnel péage ogival. C'est le fruit d'un partenariat entre la DRAC et l'Etat (propriétaire du donjon), les communes de site, des initiatives associatives dont celle des Amis du vieux Champtoceaux, pionniers du site. Cette réalisation par ailleurs produit d'une démarche institutionnelle, est exemplaire à bien des égards, avec les rôles de proposition et de catalyseur de la cellule tourisme du Pays d'Ancenis et du C.D.T. de Loire –Atlantique, joints aux efforts d'un S.I.V.U. spécifique, transversal aux communautés de communes, pays, départements.

 

Associations du Patrimoine Industriel et Portuaire nantais et contexte patrimonial

 

Le Collectif des Associations du Patrimoine Industriel et Portuaire nantais, fédère une quinzaine de structures patrimoniales, dont "Bateaux du port de Nantes", le "Centre Culturel maritime", l'"Association culturelle du Canal de la Martinière" (qui a doublé, de manière trop éphémère au début du XXe siècle, l'estuaire alors peu navigable). "Histoire de la construction Navale" et d'autres associations sont installés dans la "Maison des hommes et des techniques", anciens bureau d'étude Dubigeon, sur le site îlien des chantiers navals de l'ancienne Prairie au Duc. Cette "Ile de Nantes" est l'objet d'une rénovation urbaine nuancée, semble-t-il conforme aux vœux de "Nantes la Bleue". Les repères portuaires et industriels restent en place et le quai Hoche, dernière section de port de Loire à Nantes, de type cale en tablier, sera restauré.

"Loire pour tous" promouvoit depuis 1985 une vocation et pratique nautique tous publics et types de bateaux en Basse-Loire, par d'annuelles descentes de Loire et des études techniques de pontons, bateaux de randonnée et à passagers.

 

"Estuarium" au Pellerin

 

"Estuarium", structuré en ethnopôle, étudie les milieux et patrimoine estuarien[34] et les médiatise au Pellerin, conforté par les travaux de "Loire estuaire", cellule technique de mesures et de bilans de l'organisme estuarien également soucieuse d'en présenter des aspects patrimoniaux.

Le rôle croissant des services et structures institutionnels

 

A ces structures et sites souvent ancrés dans un territoire patrimonial, s'ajoutent, fortement impulsé par la patrimonialisation associative et la demande sociale, le rôle des structures institutionnelles, généralistes et préexistantes ou créations nouvelles appliquées à la Loire.

Les travaux des Services de l’inventaire départemental et régional, de la D.R.A.C.(Conservation régionale des Monuments Historiques, Bâtiments de France, Service Régional de l'Archéologie , ont élargi leur champ de travail aux domaines fluvial (ainsi la Carte archéologique) et du patrimoine industriel.

Le "Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents", structure relevant de la région, pratique depuis 1995 une démarche à dominante environnementaliste et paysagère, études et protection, croisant à un patrimoine naturel anthropisé des éléments patrimoniaux culturels. Ainsi les ports, l'habitat des îles.. ont-ils fait l'objet d'études spécifiques aboutissant à un processus de restauration des ports, le tout porté par des journées annuelles et des publications s'adressant aux élus et ligériens.

 

Ajoutons le rôle et les apports de nombreux chercheurs universitaires ou indépendants, certains étant organisés en une association interdisciplinaire de recherche, "Confluences", sise à Angers et travaillant de la Vienne à l'estuaire[35]. Rappelons le rôle ancien et actuel, par ses colloques et publications "basiques" (cf. biblio.), de l'association "Etudes ligériennes" sise à Orléans et au rôle de bassin.

Rappelons l'existence et l'importance de la diffusion (publics et articles) de la revue "La Loire et ses terroirs" (et de sa lettre "Les nouvelles du bassin de la Loire"), qu'il s'agisse de l'actualité ou de la connaissance du fait patrimonial ligérien.

 

Pourtant, bien que réelle au plan patrimonial et de la connaissance scientifique, la Basse Loire Angevine et Armoricaine, pas plus que l'entité fluviale ligérienne entière, ne constitue, faute d'une conceptualisation d'ensemble, d'un investissement conséquent et d'un développement homogène, une ressource culturelle et touristique importante.

3 2       La Basse Loire Angevine et Armoricaine, l'atomisation, les discontinuités et lacunes de la patrimonialisation

 

Or, ces associations et sites patrimoniaux, représentent par leur nombre et répartition, recherches, études, collections et masse documentaire et scientifique réunies, par le patrimoines de site sauvegardé et valorisé, un capital patrimonial déjà considérable. Leurs expositions et manifestations ont préfiguré un possible réseau de sites, médiation amorcée d'un patrimoine fluvial ligérien ainsi déjà présenté sous bon nombre de ses aspects.

Mais, le potentiel culturel ainsi travaillé, malgré les efforts d’associations, chercheurs et de certains sites et communes, est loin d'être valorisé à son niveau de richesse, celui qui lui permettrait d'émerger comme une œuvre et ressource patrimoniale de niveau national et de faire du traitement patrimonial de la Loire une référence scientifique et un modèle pour d'autres fleuves. C'est là le propos de la mission Loire Unesco et de son émanation; l'Institut International des fleuves.

 

De nombreuses limites sont à surmonter, d'information et apports scientifiques, de structuration (limite principale de l'atomisation des sites et acteurs), d'investissement culturel et budgétaire :

Des limites et lacunes liées au contenu à l'objet patrimonial

 

- Une diffusion et publication trop restreinte des connaissances acquises, à l'échelle ligérienne ou à celle des sites, d'abord de la simple détection des études et travaux réalisés, souvent confidentiels (relevant de bases bibliographiques, archivistiques, documentaires, inventaires muséographiques) et ensuite de leur assimilation intellectuelle, individuelle et collective.. Il en résulte une absence de vision d'ensemble satisfaisante du patrimoine ligérien et une difficulté de réaliser des diagnostics et de là, des projets fondés, faute de disposer d'un corpus suffisant de la connaissance du patrimoine ligérien.

- Un patrimoine matériel trop peu suivi, des collections non ou peu restaurées, aux réserves précaires (dont, par extension le problème des épaves importantes laissées in situ, vulnérables au flot), des M.H. (patrimoine industriel et fluvial) non ou peu entretenus, exceptions positives du moulin péage de Champtoceaux et du chevalement du Puits de la Tranchée à Montjean et des débuts de la réfection portuaire (hors M.H.).

- Des médiations inégales avec des points faibles caractéristiques des deux grandes catégories de sites : faiblesse de la qualité muséographique formelle des sites non institutionnels (faute de capacités d'investissement, ainsi à Montjean ; absence ou faiblesse conceptuelle de la muséographie des sites institutionnels (que ne remplace pas une scénographie esthétisante et même spectaculaire), car trop en retrait de la recherche scientifique, de ses avancées et de la connaissance réinterprétée du sujet, aussi faute de collections (les deux lacunes sont liées), ainsi à Montsoreau.

- Une relation inégale des sites de médiation aux contextes (paysages, monuments, thèmes), avec de trop rares recours aux parcours d'interprétation (ainsi du trait d'union du bateau La Luce entre la tour d'Oudon et le coteau de Champtoceaux) et parfois des abandons ou une absence de suivi dans ce domaine.

 

- L'atomisation des sites et de l'offre patrimoniale, est le revers de la riche et diverse multiplicité des patrimoines locaux, qui ne prend tout son sens que dans l'enchaînement permis par un réseau. Hors, trop peu de moyens promotionnels communs (quelques dépôts croisés de dépliants), l'absence d'une présentation des autres sites et d'une dynamique de parcours thématique, la faiblesse de la communication et des échanges entre des sites associatifs trop enracinés dans leurs terroir patrimoniaux et des sites institutionnels sans mission scientifique définie et figés sur une fonction plus touristique que culturelle, conduisent à une quasi absence de synergie, tant patrimoniale (échanges et réalisations partenariales) que touristique (fréquentation). Une liaison que Montsoreau, réalisation départementale aurait pu impulser, au moins en Maine-et-Loire.

 

- Mais face à cette atomisation, aspect d'une patrimonialisation associative spontanée, c'est l'absence ou l'insuffisance de structures institutionnelles, départementales et régionale, de pays qui n'a pas permis d'en combler les lacunes. L'application de conventions culturelles (cas dans le pays des Mauges) serait à développer et à nourrir de moyens, en s'appuyant sur des schémas thématiques régionaux (patrimoine culturel ligérien, patrimoine minier ..). L'élaboration concertée et sur une base scientifique, d'une architecture conceptuelle du thème patrimoine fluvial, définissant aussi les fonctions culturelles des sites, leurs liaisons et construisant les thématiques patrimoniales avec leurs supports concrets n'a jamais été abordée à ces niveaux de resposabilités.

 

Les réalisations institutionnelles elles-mêmes n'ont fait l'objet d'aucun P.S.C. réel (Projet scientifique et culturel) qui aurait permis, par l'application d'un conseil ou comité scientifique, une première réflexion collective et structuration tout en fournissant les matériaux d'un projet à jour de la connaissance, plus authentique, plus éloquent.

 

En somme, la deuxième phase de la patrimonialisation, l'institutionnelle, n'a pas eu lieu, si ce n'est que trop partiellement. Ni les départements, ni la région n'ont d'outils missionnés sur ces objectifs (rôle limité au plan patrimonial du Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents), les pays n'intervenant que dans leurs périmètres et sur des compétences surtout touristiques. Quant aux nouvelles institutions, elles ont des champs de compétences territoriales (Loire Unesco) et des missions (Conservatoire régional) statutairement limités.

 

Ainsi, la Basse Loire Angevine et Armoricaine se partage entre, en amont le P.N.R Val de Loire Anjou Touraine qui touche aux Ponts de Cé.[36], en aval l'estuaire qui bénéficie de la démarche Estuarium et plus récemment d'une DTA à finalité d'aménagement global ne concernant le patrimoine que de loin [37]. De plus, en amont de la ligne de ponts de Chalonnes[38], commence le périmètre du site U.N.E.S.C.O., superposé à l'est des Ponts de Cé au P.N.R.

Le segment Montjean-val de la Divatte relève (D.T.A. exceptée) d'un "trou noir" de ces nouvelles institutions culturelles et de l'aménagement culturel qu'elles facilitent.

 

- La fréquentation de l'ensemble des sites reste faible, très en deçà du potentiel patrimonial et des espérances affichées (même Montsoreau, malgré le contexte saumurois)[39], résultat logique en regard de ces nombreuses lacunes qualitatives de valorisation et de l'absence d'orchestration et de développement de l'offre patrimoniale et touristique.

 

- Des régressions patrimoniales s'ensuivent, des réalisations et projets locaux, pourtant remarquablement situé (site de "Bouchemaine et Loire") ou innovants (Ecomusée de Montjean Loire Angevine)[40] disparaissent ou implosent, avec des œuvres culturelles compromises et un patrimoine mis en péril. S'il y a des raisons et des limites locales, elles sont largement conditionnées par l'isolement communal (soutien inégal des Communautés de communes ..) face à ce type d'enjeu et challenge patrimonial, qui dépasse de loin les capacités et responsabilités associatives et municipales, voire de pays, pour relever d'une démarche partenariale allant jusqu'à la région et de là, au bassin fluvial et à l'Etat.

 

Modestement, des efforts de partenariat et coopération entre associations (ARRA et Ecomusée de Montjean Loire Angevine, Patrimoine culturel Loire) ont conduit à des recherches archéologiques communes et des tentatives fédératives ont permis de maintenir des contacts et d'esquisser cette proposition de réseau et de Schéma directeur du patrimoine culturel de la Basse Loire Angevine et Armoricaine. Car il reste encore à exploiter et à valoriser en cette région fluviale, un capital culturel considérable, parmi les plus importants du bassin, à structurer au plan institutionnel, avec des sites à professionnaliser, compléter, organiser en réseau, sans rompre avec le créatif support associatif.

3 3       Propositions en vue de la valorisation du patrimoine fluvial de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, grandes lignes d'un Schéma directeur du patrimoine culturel de la Basse Loire Angevine et Armoricaine

Un réseau régional ligérien inséré dans une architecture patrimoniale de bassin et de pays

 

Une synergie d’ensemble doit être organisée sur les fondements patrimoniaux originaux de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, à jour de leur connaissance scientifique et producteurs d’une image forte. Organisée dans sa cohérence (utilisation du concept de la Loire fonctionnelle jadis comme mode de présentation et fil directeur), la Basse Loire serait déclinée dans ses ressources et lieux dans le cadre d'un parcours interprétatif d'ensemble fondé sur des médiations de sites. Le tout s'exprimerait dans un réseau régional lui-même inséré dans une architecture patrimoniale de bassin : stations, relais, sites d'interprétation et musées, pôles du patrimoine ligérien, dont un Musée et centre technique du bateau et de l'archéologie de Loire. L'ensemble serait porté par une structure fédérative de dimension régionale, Basse Loire Angevine et Armoricaine, orientée spécifiquement vers la valorisation culturelle du patrimoine ligérien (sens large), croisée aux approches et structures environnementalistes, coordonnée à ses homologues d'amont, aux structures riveraines de pays (multiples), de parcs et de bassin.

 

Cette valorisation et structuration du patrimoine ligérien, transversale aux structures territoriales concernées (communautés, pays existants ou en gestation), devront leur être articulée en profondeur. Les pays riverains actuels sont largement "continentaux", ainsi des "Mauges", dont le Carrefour culturel est l'outil patrimonial et lien inter sites (réseau muséographique conventionné et portée promotionnelle) conforté par un C.P.I.E. (Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement) et du "Pays d'Ancenis" et de son pôle touristique. Une double appartenance des sites ligériens, au réseau fluvial et à ses objectifs et programmes spécifiques et à la structure culturelle de pays, serait une bonne solution productrice de synergie culturelle et promotionnelle et aussi d'économies d'échelle. De même l'insertion ou coordination aux structures culturelles de bassin sera-t-elle à organiser.

Les premiers axes de travail, un bilan de connaissance et d'évaluation du patrimoine ligérien, la mise en place d'un conseil scientifique interdisciplinaire

 

C'est élaborer un projet culturel commun de valorisation du patrimoine de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, aux objectifs et synopsis (vision spatiale et historique) fédérateurs des thèmes patrimoniaux, des réalisations et projets de site, autour d’une gamme d'outils adaptés et de démarches communes.

 

La première étape est de réaliser un bilan de connaissance (bibliographie, études spécifiques des trente dernières années ..) et d'évaluation du patrimoine ligérien (collections, monuments, ports ..), de ses médiations, globalement et par site de médiation, pour déterminer les enjeux culturels et potentiels de valorisation.

 

Cette étape permettrait de dégager un canevas de programmes de recherche scientifique et travaux culturels : prospections, inventaires et études archéologiques ; études morpho hydrologiques et paléo environnementales ; inventaires patrimoniaux – tel celui entrepris par la DIREN Centre pour les ports[41] ; inventaires archéologiques permannents [42]; études ethnographiques, archivistiques. Simultanément devrait être développé un centre de documentation avec banque de données et site Internet (pouvant systématiser et développer des sites actuels). Les interlocuteurs en seraient les acteurs du patrimoine, associations, chercheurs, collectivités territoriales, institutions concernées.

 

L'outil scientifique et patrimonial à créer serait un conseil scientifique interdisciplinaire, organisé en coordination avec les structures concernées, associations, sites et chercheurs locaux, collectivités territoriales, pouvoirs publics et avec le concours des Universités de la région, d'Angers et de Nantes, des structures et chercheurs compétents. Tout en ayant sa mission et son registre de compétences décisionnelles en matière de recherche et préconisations, il pourrait être une composante régionalement appliquée, d'un Conseil scientifique de bassin (comprenant toutes les universités ligériennes, les structures de recherche et personnes qualifiées), lui-même support de l'institution Loire-Unesco (et à ne pas confondre avec un comité de pilotage institutionnel) et de l'Institut International fleuves et patrimoine.

 

A l'échelle du vaste bassin de la Loire, la proximité et la sectorisation régionale de la démarche scientifique et du terrain, sont un facteur d'efficacité, sachant que la mise en perspective de programmes scientifiques et muséographiques à la dimension de l'ensemble est nécessaire. Cet outil scientifique démultiplié, permettrait de lier la recherche universitaire et institutionnelle (CNRS .. services de l'Etat, des régions ..) à celle du terrain associatif et des individualités (dont des érudits et praticiens du milieu fluvial) et de constituer ainsi l'outil indispensable à une meilleure connaissance et valorisation du patrimoine ligérien.

Un réseau régional de sites aux fonction graduées, inséré dans une architecture patrimoniale régionale et de bassin

 

La démarche d'ensemble peut être considérée comme anthropologique, appliquée à la Loire, anthroposystème fluvial[43] à la fois hérité (le patrimoine) et actif, vivant, productif, vécu.

La dimension patrimoniale fluviale, paysagère, archéologique, monumentale et architecturale, rurale, industrielle, ethnographique, technique.., relève d'un traitement muséographique et médiatique d'ensemble, sur des sites dont les spécificités sont à consulter sur place et en des pôles de ressources spécialisées et bien équipés. Les fonctions à satisfaire font passer de l'échelle locale à régionale, à celle du bassin fluvial.

 

A la spontanéité des créations de sites nées de la patrimonialisation (1960-2000), devrait répondre une phase nouvelle de l'aménagement culturel fluvial fondée sur l'objectivité des ressources patrimoniales décelées (et donc à découvrir) et sur l'institutionnalisation.

 

Stations et relais patrimoniaux, la muséographie de site et de plein air

 

Les équipements culturels commencent avec de multiples "stations patrimoniales" de présentation de plein air d'un élément de patrimoine, une cale rurale, un site archéologique (pont gallo-romain, pêcherie ou péage médiéval), chapelle, chais, usine...

 

Vient ensuite le "relais patrimonial", ainsi le port plus complexe introduisant et renvoyant au village et pays riverain, équipé d'un agencement interprétatif s'articulant au site.

Ces deux niveaux, dotés de mobilier muséographiques de plein air adapté (panneaux, pupitres, bornes audiovisuelles), ne sont encore actuellement que peu représentés, sur initiative locale ou de pays (exemple du Fresne, pays d'Ancenis) et donc de manière quelque peu disparate.

 

Au fil du fleuve, les stations et relais patrimoniaux seraient les supports à mettre en place d'un réseau interprétatif de sites appuyé sur les ports, nombreux et révélateurs des territoires fonctionnels qu'ils desservaient jadis. Une normalisation minimale à l'échelle du bassin serait à proposer, avec charte graphique, méthode d'exposé, renvois d'un site à l'autre, mobilier muséographique.

 

Site d'interprétation, musée de site, écomusée, de l'accueil au territoire et bassin patrimonial

 

Puis vient le "site d'interprétation", qui implique un lieu fermé d'accueil et de médiation du sujet, en relation avec son contexte territorial auquel il conduit. Le musée de site (avec ses collections), remplit souvent au moins en partie ce rôle, la relation au milieu patrimonial étant à développer, ce que permet particulièrement la formule de l'écomusée[44] (qui peut être fédérative et inter sites). Ces trois formules de la médiation culturelle expriment souvent des bassins patrimoniaux, territoires fluviaux définis par leur homogénéité patrimoniale (marqueurs) et l'offre culturelle et mise en tourisme conséquente.

Citons quelques exemples en Basse-Loire et dans le bassin illustrant ces modèles : Maisons de la rivière à Chinon et à Châteauneuf sur Sarthe, double site historique d'Oudon Champtoceaux), Maison de la Loire et de la Vallée d'Anjou à Saint-Mathurin, Musée de Chouzé en pays vigneron, Musée du Canal du Berry à Reugny témoignant d'un équipement entier. Les Maisons de la Loire de la région Centre privilégient l'approche environnementaliste.

 

L'application de ce niveau interprétatif au patrimoine culturel fluvial de la Basse Loire, revient à encourager le développement de projets à fondement écomuséographique de Montsoreau à Nantes, s’appuyant sur les territoires et bassins patrimoniaux préalablement définis, les valorisant in situ, avec le concours de populations qui les mettent souvent en œuvre dans une démarche identitaire, par le canal associatif.

A cette connexion peut s'en ajouter d'autres, croisée et d'échelle supérieure, telle la thématique patrimoniale transversale inter sites et pays du patrimoine industriel du Sillon houiller. Il est à créer suivant l'axe Layon-Loire-Erdre, dans le contexte partenarial d'un réseau de stations et relais muséographique de plein air et de sites d'interprétation, jalons d'un parcours patrimonial régional spécifique d'échelle bassin houiller[45].

On peut aussi construire ces bassins patrimoniaux en recourant à des complémentarités fortes entre territoires aux thèmes différents, mais bénéficiant d'un effet de voisinage. Ainsi, au cœur fluvial de ce bassin houiller, la section de Loire Layon du patrimoine industriel et de la batellerie (Bas Layon - Chalonnes - Montjean) peut-elle faire tandem avec celle de la frontière du sel (Ingrandes - Le Fresne tout proche), voire avec le pays d'Ancenis-Oudon entier pour bâtir un bassin patrimonial incluant le fondement commun très riche de la Loire médiévale et archéologique. Au-delà, on rentre dans la logique de complémentarité du réseau des pays fluviaux patrimoniaux.

 

Les pôles du patrimoine ligérien, centre de ressources de bassin

 

Ensuite on atteint à une fonction de pôles du patrimoine ligérien, centre de ressources de bassin, cas du Musée de la Marine de Loire de Châteauneuf-sur-Loire, aux collections marinières incarnant les arts et traditions populaires, l'archive, l'iconographie, le document.

 

Pour le bateau de Loire, sa technologie et son nautisme, la préfiguration en a été réalisée par l'Ecomusée de Montjean Loire Angevine, la collection d'épaves et bois de réemploi rassemblée représentant une gamme représentative d'une typologie technique que la recherche fluviale continue d'enrichir.

Le développement de ces pôles du patrimoine ligérien, fondé sur la présence de ressources patrimoniales spécifiques conséquentes de ce type est indispensable, sous peine de les réduire à l'état de friches patrimoniales régressives (érosion naturelle et anthropique des gisements).

Leur fonction peut être d'importance régionale, ainsi dans le cas d'une collection archéologique généraliste du val et de ses abords disséminée dans le pays d'Ancenis, qui pourrait être rassemblée sous la responsabilité de l'A.R.R.A., projet muséographique pouvant avoir son pendant en amont dans le val de Cosne (collection étudiée par le groupe archéologique Condate), l'ensemble pouvant s'articuler en un projet archéologique de bassin connectant d'autres sites.

 

Des deux pôles majeurs de bassin, celui de la tradition marinière à Châteauneuf-sur-Loire déjà très achevé serait à informatiser, ce centre de ressources documentaires de bassin devenant tête de réseau.

 

Le Musée et centre technique du bateau et de l'archéologie de Loire, serait à développer sur trois fondements : le large déploiement d'une collection de bois de bateaux témoignant d'une typologie en constant enrichissement, avec des surfaces d'exposition en conséquence ; leur connaissance, qui passe par la maquette fonctionnelle (démarche de F. Beaudouin) et l'expérimentation nautique (restitutions et reconstitutions de bateaux) en situation de travail, démarche d'ethnologie appliquée en relation au milieu fluvial mais aussi de médiation, ce qui implique de disposer d'un bassin de navigation propice ; l'outil technique de conservation des bois plus ou moins gorgés d'eau, éventuellement sur place (antenne d'un laboratoire agréé) ou à distance. S'ajoute la relation aux lieux de stockage[46] et aux laboratoires de restauration des objets archéologiques, tel Arc'Antique à Nantes (relevant du Département de la Loire-Atlantique), spécialisé dans le traitement des métaux et céramiques, mais pouvant se diversifier avec le traitement des bois gorgés d'eau. Le Musée et centre technique du bateau et de l'archéologie de Loire serait une structure ressource pour toutes les initiatives de construction de bateaux et autres démarches etnoarchéologiques, désireuses de s'inscrire dans un programme ou de bénéficier de conseils, ainsi que pour les grandes manifestations nautiques ligériennes qui ont besoin d'assises scientifiques.

Outil d'anthropologie fluviale et de réalisations techniques, il serait le support et le bénéficiaire de formations universitaires et professionnelles, en partenariat avec des Universités, C.C.I. .. et avec le futur "Institut International Fleuves et Patrimoine".

Son statut relèverait de l'interrégionalité de bassin. Sa localisation serait située idéalement sur une intersection des fondements et critères énoncés ci-dessus, auxquels on peut ajouter ceux du volontarisme local (de pays, de ville ..) et régional et du bassin touristique d'insertion (pré existant ou à générer). Ce critère d'une fréquentation importante, est utile si ce n'est nécessaire à une réalisation dont l'équilibre budgétaire (fonctionnement) dépendra aussi de sa qualité médiatique de haut site ligérien. Il faudra aussi tenir compte de sa capacité à se démultiplier (dépôts, animations ..) dans le cadre du réseau de bassin.

 

La Basse-Loire ne manque pas d'arguments objectifs pour que ce centre puisse y être installé, mais la réponse est ouverte.

 

Conclusion

 

Le propos est ambitieux, en premier lieu parce que un Schéma directeur du patrimoine culturel de la Basse Loire Angevine et Armoricaine ne peut s'abstraire de sa mise en perspective à l'échelle du bassin fluvial et des fonctions clés communes satisfaites pour cet ensemble.

 

Si bien des réalisations actuelles, associatives et institutionnelles illustrent les niveaux et fonctions de valorisation du patrimoine ligérien évoqués ci-dessus, on reste loin du compte. La structure et la qualité des équipements, stations et relais du patrimoine, sites de médiation, pôles ressources ne sont que partiellement réalisées et atteintes sur le terrain, sans être finalisés en un schéma cohérent d'ensemble, porté par la recherche scientifique.

L'investissement serait important, l'équivalent coût d'un très grand musée régional ou d'un équipement national, mais réparti sur le 1/5e de la France si on raisonne bassin de la Loire et entre de nombreux partenaires, dont les villes[47], régions, institutions de bassin, avec à la clé les enjeux d'un patrimoine fluvial exemplairement sauvegardé et valorisé (référence réelle pour l'Institut International des Fleuves) et d'un tourisme culturel ligérien renouvelé. Le programme, moyennant schéma de bassin et coordination, peut se segmenter régionalement, au moins pour les niveaux de réalisation hors pôles.

 

En sus des enjeux culturels et patrimoniaux principalement évoqués ici, c'est de l'articulation du patrimoine ligérien ainsi conçu avec les enjeux économiques, sociaux, territoriaux des multiples E.P.C.I., pays, départements, régions concernés, leurs responsabilités et celle des institutions ligériennes déjà anciennes et nouvelles, qu'il faudrait développer. Question en particulier des distorsions entre leurs territoires opératoires et les territoires patrimoniaux.

 

Nous cherchons actuellement plus spécialement à dégager ces enjeux culturels et patrimoniaux à l'échelle de la Basse-Loire angevine et armoricaine, dans le cadre de réunions d'associations, chercheurs, techniciens régionaux et de pays, nous proposant de dégager un Schéma de valorisation du patrimoine culturel ligérien en Région Pays de la Loire.

 

La première étape en serait une étude diagnostic du patrimoine fluvial culturel de la Basse-Loire angevine et armoricaine en Région Pays de la Loire[48]. La Région pays de la Loire et le Syndicat de Protection et de valorisation des rives la Loire, devenu Syndicat intercommunal de protection et de valorisation du patrimoine ligérien[49], en sont le support institutionnel initial, encourageant cet essai de structuration et d'aménagement du patrimoine ligérien en région.

Quant à l'aménagement patrimonial lui-même, tel que nous le présentons en Basse-Loire et dans une logique d'ensemble à l'échelle du bassin entier, il relève de la responsabilité des grands acteurs régionaux et institutionnels, que l'Université européenne d'été Val de Loire patrimoine mondial 2005, permettra on l'espère, de sensibiliser à ce niveau d'ambition.

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POISSONNIER Bertrand; Archéologie de la Basse-Loire avant l'Age du Fer dans son cadre morphologique d'après les découvertes fluviales ; Toulouse; Ecole Pratique des Hautes Etudes ; 1992 ; p.

SERNA Virginie ; Gestion des dossiers archéologiques en rivière : seuils, modalités d'intervention et pistes de recherche en région Centre ; Orléans ; Fédération archéologique du Loiret, Etudes ligériennes ; 2004 

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Table des matières

 

Introduction............................................................................................................................................................................................................ 1

Résumé............................................................................................................................................................................................................................ 2

 

1      Le patrimoine fluvial de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, identification et définition, les thèmes patrimoniaux d'une définition géohistorique, archéo environnementale, ethno anthropologique.......................................................................................................................................................................................................... 4

 

1 1    De Montsoreau à Nantes, l'originale diversité d'un patrimoine sociétal................................................................................... 4

 

1 2        L’archéologie fluviale et la géoarchéologie, des héritages patrimoniaux éclairant l'histoire et les paysages du val......................................................................................................................................................................... 5

L’archéologie fluviale du lit mineur dynamique.................................................................................................................................... 5

Ouvrages et aménagements fixes........................................................................................................................................................... 5

Epaves et bois de bateau.......................................................................................................................................................................... 5

L’archéologie du lit majeur et de ses abords............................................................................................................................................ 6

La connaissance des paléoenvironnements, l'anthropisation de la Loire et de son val............................................................... 6

La Loire frontière des châteaux, de la gabelles et des douanes........................................................................................................... 7

 

1 3    L'héritage marinier au sens large : des industries nées aussi de la Loire et une tradition marinière ligérienne, régionalement prolongée............................................................................................................................................ 8

Le patrimoine industriel, héritage des mines et carrières..................................................................................................................... 8

La tradition marinière liée à la navigabilité de la Basse Loire............................................................................................................ 9

 

2      Des territoires et pays patrimoniaux riverains faits et marqués par la Loire................................................................................ 10

 

2 1    Principes d'une "spatialisation patrimoniale" à combiner à l'approche paysagère traditionnelle d'analyse de l'espace fluvial................................................................................................................................................. 10

Les territoires patrimoniaux....................................................................................................................................................................... 10

Bassins et pays patrimoniaux.................................................................................................................................................................... 11

 

2 2        L'articulation des territoires patrimoniaux et des territoires politiques........................................................................... 11

 

2 3        Territoires et bassins patrimoniaux de la Basse Loire Angevine et Armoricaine............................................................ 13

L'amont de la Vallée d'Anjou-Authion et du Saumurois.................................................................................................................... 13

Le Saumurois, pays patrimonial historique et bassin touristique............................................................................................ 13

La Vallée d'Anjou Authion, territoire et pays patrimonial.......................................................................................................... 13

Angers, au carrefour de Loire et Maine.................................................................................................................................................... 14

La Loire armoricaine, angevine et nantaise............................................................................................................................................ 14

Le territoire patrimonial de Layon et Loire...................................................................................................................................... 14

Le territoire patrimonial de la frontière Anjou-Bretagne............................................................................................................. 15

Nantes et ses pays.......................................................................................................................................................................................... 15

Le pays patrimonial du val de la Divatte.......................................................................................................................................... 15

Nantes la Bleue, ville port fluviomaritime et industrielle........................................................................................................... 15

L'estuaire patrimonial............................................................................................................................................................................ 15

 

3      Pour un projet et aménagement du patrimoine culturel ligérien de la Basse Loire Angevine et Armoricaine................................................................................................................................................................................................................. 16

 

3 1    Un patrimoine travaillé : études scientifiques, réalisations associatives et muséographiques, bases de projets patrimoniaux..................................................................................................................................... 16

Le visage ligérien de la patrimonialisation, Voiles de Loire et recherche..................................................................................... 16

Mouvement néo-mariniers des "Voiles de Loire".......................................................................................................................... 16

La recherche muséographique et universitaire................................................................................................................................ 17

Musées, écomusée, sites d'interprétation, associations culturelles .. l'armature de préfiguration d'un futur réseau du patrimoine ligérien en Basse Loire.................................................................................................................... 17

Les grands musées urbains des villes ligériennes......................................................................................................................... 17

Le château de Montsoreau, les "Imaginaires de la Loire"............................................................................................................. 17

Saint-Hilaire Saint-Florent................................................................................................................................................................... 18

Le Musée des métiers de Loire de St-Clément des Levées............................................................................................................ 18

L'Observatoire de la Vallée devenant Maison de la Loire en Anjou, à Saint-Mathurin....................................................... 18

Bouchemaine et la Loire, maison de la confluence, H.C.L.M., La Possonnière....................................................................... 18

L'Association Sainte-Barbe des Mines.............................................................................................................................................. 18

L'Ecomusée de Montjean Loire-Angevine, ses suites et les autres ressources montjeannaise.......................................... 19

Musée d'histoire locale de Saint-Florent le Vieil........................................................................................................................... 19

Le "Palais Briau" à Varades................................................................................................................................................................... 19

Le Musée Joachim du Bellay à Liré.................................................................................................................................................... 20

L'A.R.R.A., "Association de Recherche de la Région d’Ancenis".............................................................................................. 20

"Loire en scène", à Oudon et Champtoceaux................................................................................................................................... 20

Associations du Patrimoine Industriel et Portuaire nantais et contexte patrimonial.......................................................... 20

"Estuarium" au Pellerin......................................................................................................................................................................... 20

Le rôle croissant des services et structures institutionnels.............................................................................................................. 21

 

3 2        La Basse Loire Angevine et Armoricaine, l'atomisation, les discontinuités et lacunes de la patrimonialisation.......................................................................................................................................................................................... 21

Des limites et lacunes liées au contenu à l'objet patrimonial........................................................................................................... 22

 

3 3        Propositions en vue de la valorisation du patrimoine fluvial de la Basse Loire Angevine et Armoricaine, grandes lignes d'un Schéma directeur du patrimoine culturel de la Basse Loire Angevine et Armoricaine................................................................................................................................................................................... 24

Un réseau régional ligérien inséré dans une architecture patrimoniale de bassin et de pays.................................................. 24

Les premiers axes de travail, un bilan de connaissance et d'évaluation du patrimoine ligérien, la mise en place d'un conseil scientifique interdisciplinaire........................................................................................................... 24

Un réseau régional de sites aux fonction graduées, inséré dans une architecture patrimoniale régionale et de bassin................................................................................................................................................................................... 25

Stations et relais patrimoniaux, la muséographie de site et de plein air................................................................................. 26

Site d'interprétation, musée de site, écomusée, de l'accueil au territoire et bassin patrimonial................................................................................................................................................................................................ 26

Les pôles du patrimoine ligérien, centre de ressources de bassin............................................................................................. 27

 

Conclusion.................................................................................................................................................................................................................. 27

Parmi la bibliographie utile............................................................................................................................................................................. 27



[1] Une transdisciplinarité nourri par une ouverture spatiotemporelle et structurelle, recourant aux sciences humaines et de la nature, souvent associées, telles la géohistoire, l'archéologie liée aux paléoenvironnements, l'ethnoanthropologie, en de démarches elles-mêmes redevables à des apports disciplinaires spécialisés, de la géologie à la muséologie. Cf. la bibliographie.

[2] Dénomination de dimension régionale, associant en aval de la Vienne, en une même entité patrimoniale fluviale et de val, deux sections de Loire se différenciant selon des critères paysagers, géologiques, historiques : la Loire Angevine historique inclut une Loire Saumuroise de bassin sédimentaire en amont, devient géologiquement armoricaine au pointement de schiste ardoisier des Ponts de Cé et se prolonge au-delà d'Ingrandes en rive gauche jusqu'à la Varenne (limite de la Boire d'Anjou) ; la Loire Bretonne historique, qui commence au Fresne à l'aval d'Ingrandes, lui fait face en rive droite, devient nantaise en rive gauche après la confluence de la Divatte.

[3] Un projet que nous avons déjà formulé à différentes reprises : CAYLA Philippe, "Identité ligérienne et géoécomuséographie en Loire Angevine et Armoricaine", communication au colloque Fleuve et identité fluviale en France et au Canada, Angers Maison des Sciences Humaines ; L'Harmattan ; 2000

[4] DIREN-DRAC Centre, Proposition d'inscription du Val de Loire au patrimoine mondial de l'Unesco .. au titre des paysages culturels, 1999 et dossier complémentaire, 2000

[5] Rôle de la Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendants en icelle (cf. Paul Mantellier 1867) et de son alliance avec la monarchie capétienne, dont l'aide décisive apportée à Charles VII.

[6]BOISLEVE Jacques ; "De Joachim du Bellay à Julien Gracq, la Loire en son miroir" ; 2001 et CESBRON Georges dir. et al. ; Loire littérature ; Actes du colloque d’Angers 1988 

[7] CAYLA Philippe, MIEJAC Emmanuelle; Archéoloire: ouvrages en Loire de Chalonnes à St-Florent le Vieil, rapport d'ensemble au SRA des campagnes 1994 1995 1996; Ecomusée de Montjean Loire Angevine ; 2000 

[8] Mentionnons la rencontre féconde entre la démarche de l'Ecomusée de Montjean Loire Angevine et François Beaudouin (ancien conservateur du Musée de la batelerie de Conflans Ste-Honorine) qui en interprète les collections sur mission du SRA-DRAC de Nantes, ainsi que d'autres découvertes faites vers Ancenis-Oudon, ou relevant des réserves du Musée Dobrée à Nantes ; ainsi des études archéologiques des épaves monoxyles de la région des Pays de la Loire et des scutes du Grand Ayreau de Montjean sur Loire, cf. biblio.

[9] Eté 2004 découverte d'une pirogue entière à Ancenis, été 2005 trois épaves de moulin-nefs et scute dans les deux bras de l'Ile de Chalonnes, toutes épaves remarquables enfouies ou laissées in situ dans des conditions précaires.

[10] BILLARD Céline, IMACOF Université de Tours, 1997 et QUEBRILLAC Chrystelle, Inventaire des collections muséographiques de l'Ecomusée de Montjean Loire-Angevine, 2000.

[11] MENANTEAU Loïc, POISSONNIER Bertrand ; "Géoarchéologie de la Loire Armoricaine du néoltithique à l'âge du bronze" ; 2002 .et CARCAUD Nathalie ; Le P.C.R Géoarchéologie de la Loire moyenne et de ses marges, 2004.

[12] Cf. Les travaux de Lionel VISSET et de son élève CYPRIEN Anne-Laure ; Chronologie de l'interaction de l'homme et du milieu dans l'espace central et aval de la Loire ; thèse Université de Nantes Laboratoire d'écologie et des paléoenvironnements atlantiques ; 2002. et De la fin du mésolithique au néolithique ; l'évolution du paysage végétal dans le bassin de la Loire océanique et moyenne ; 2004

[13] JONCHERAY D.; Les Embarcations monoxyles dans la Région des Pays de la Loire; 1986 

[14] Cf. les communications au colloque du Programme PIREN PEVS/SEDD Interactions Sociétés – Milieux dans le bassin versant de la Loire , séminaire 2001

Etudes Ligériennes, Mazzochi Gérard et al ; Approche archéologique de l’environnement et de l’aménagement du territoire ligérien ; Orléans ; Actes du colloque d’Orléans, 2004.

[15] Système décrit dans sa plénitude par Roger Dion,

[16] BOQUIEN Bernard ; "La vallée des châteaux-forts" ; Ancenis ; ARRA, "Numéro spécial Loire" ; 2001

[17] DE PERSON Françoise ; "Les pêcheurs et les voituriers par eau : deux types de faux saunage sur la Loire" ; Histoire et patrimoine au pays d'Ancenis, ARRA ; 1999

[18] Cf. CAYLA Philippe;  « La marine de l'ardoise » ; Revue des pays de la Loire 303 numéro spécial Loire ; 2003 .

Les envois de René Montrieux pour la période 1810 -1822, portent sur 70,4 millions d'ardoises en 335 lettres de voiture ou contrats de transport par eau, soit 5,7 millions par an. Ils représentent environ 10% de la production angevine, dont on peut estimer que les 2/3, soit 31 millions d'ardoises par an embarquaient en Loire.

[19] CAYLA Philippe ; "Paysages Miniers en Anjou réflexions et application au paysage du Bassin Houiller de la Basse-Loire " ; Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest ; 1989 ; Dossiers de l'Ecomusée de Montjean Loire Angevine; Ecomusée de Montjean Loire Angevine, Livret guide; 1983-2000-2004 

[20]MARTIN François ; Le fonçage Triger, plus d'un siècle et demi d'efficacité ; 2002

[21]LEDUC Auguste ; "Ma vie de marinier"; Revue des pays de la Loire 303 ; 1985

[22]CAYLA Philippe; "Les Ports de Loire en Anjou au 19ème siècle"; 1985

[23] CAYLA Philippe, "Le chanvre ressource du Val de Loire, héritage et rôles d'une fibre paysanne et industrielle"; Nantes ; rencontres du Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents ; 2004

[24] Cf. paragraphe 36 des Orientations devant guider la mise en oeuvre de la Convention du patrimoine mondial: " Les paysages culturels représentent les ouvrages combinés de la nature et de l'homme .. ils illustrent l'évolution de la société.. ils devraient être choisis sur la base de .. leur représentativité en terme de région géo-culturelle clairement définie .. illustrer les éléments culturels essentiels et distincts de telles régions." dans Val de Loire .. patrimoine mondial .. paysages culturels, dossier complémentaire document DIREN-DRAC Centre, 2000.

[25] Le ruban territorial fluvial est souvent soumis à cet aléa, depuis la mise en place des limites révolutionnaires et impériales (départements, arrondissements, cantons), calées souvent sur le repère logique fin XVIIIe siècle du cours d'eau (théorie des frontières naturelles), ne tenant pas compte des solidarités inter riveraines ou aval amont. Des entités territoriales relativement homogènes, du point de vue de l'économie locale, du bassin de vie relationnel, ou de l'ancienne gestion seigneuriale, ont été disjointes. Au-delà de la seule gestion administrative, relativement neutre dans ses effets en matière de développement local, a succédé le régime des compétences nouvelles de la décentralisation appliqué par les nouveaux E.P.C.I. à fiscalité spécifique. Ainsi, à la mosaïque indifférenciée des communes, souple du point de vue de l'apparentement patrimonial, a succédé celle des communautés de communes et des premiers clivages, lorsque le découpage cantonal et la routine en ont été la base, sans analyse des différents bassins de vie, ou de valorisation touristique et patrimoniale et autres potentiels de solidarité territoriale.

[26] Le pays d'aménagement territorial est défini sur la base de la LOADT, "Loi d'orientation pour l'Aménagement et le Développement Durable du Territoire" de 995 modifiée par celle de 1999 : "Lorsqu'un territoire présente une cohésion géographique, culturelle, économique ou sociale, il peut être reconnu à l'initiative de communes ou de leurs groupements comme ayant vocation à former un pays."

[27] Ecomusée : concept et structure muséographique définis dans une charte de référence mise au point par et autour de Georges Henri Rivière. La base de l’écomusée est constituée de son territoire concret et du patrimoine qui s'y inscrit, ensemble anthropologique appréhendé dans la diversité de ses aspects, formes et contextes environnementaux, naturels et anthropisés, culturels, sociaux. Le patrimoine architectural est sauvegardé et présenté in situ, souvent dans plusieurs antennes thématiques qui sont autant de musées de site, avec les collections correspondantes et avec le concours de la population locale, premier utilisateur d'un musée d'identité, miroir culturel. Une systémique interprétative en relie toutes les approches, techniques, ethnographiques, archéologiques, au travers d’un champ d’étude inter et transdisciplinaire. Population locale, scientifiques, élus décideurs s'articulent en trois collèges, structures de gestion devant permettre la complémentarité des compétences et prérogatives pour un développement optimum des ressources patrimoniales.

[28] Le PEP est un concept d'aménagement culturel, touristique, économique promu par la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) et le Ministère de la Culture (Direction du patrimoine). Il est en cours de rapprochement avec la formule des Pays d'Art et D'Histoire. "Le rôle des pôles consiste à faire de l’engouement pour le patrimoine un support de développement pour les territoires en quête de nouvelles ressources". Le gisement peut s’étendre sur l’ensemble d’un pays .. ou être situé à une échelle plus large sur plusieurs pays sans que les découpages administratifs en vigueur en constituent une contrainte" (document DATAR).

[29] Parc Naturel Régional, 136 communes de Langeais à La Daguenière, 9 à 10 millions de F de budget, dont 40% appliqué aux actions de valorisation; une équipe de 14 personnes.

[30]Ainsi Beaudouin François ; "Les bateaux du Grand Ayreau, étude de trois courbes épaves conservées à l'Ecomusée de Montjean sur Loire - 49" ; Angers ; Voiles de Loire ; 2002

[31]FRAYSSE Jeanne et Camille; Les Mariniers de la Loire en Anjou - Le Thoureil ; 1950 et autres oeuvres

[32]BOISNARD Jacques, HARANG Jean-Pierre, MARTIN François ; Gueules noires au pays du vin blanc, les houillères de la Corniche angevine ; 2004

[33] Dans Philippe Cayla Livret et dossiers de l'Ecomusée de Montjean Loire Angevine. Un véritable complexe industriel et fluvial fonctionne du XVIIIe siècle à l'entre-deux-guerres, d'où 200 à 300 bateaux partaient chaque année chargés de chaux vers l'aval nantais et armoricain. Des recherches d'ethnologie et d'archéologie fluviale, industrielle, rurale chanvrière, d'architecture portuaire, ont permis la présentation des thèmes et sites par des expositions, démonstrations et parcours s'appuyant sur le port, des collections et un parc de patrimoine industriel d'une dizaine d'édifices (dont trois ensembles inscrits MH). Une collection nautique significative y a été réunie : bateaux à flot (dont un chaland chaufournier de 1910 aujourd'hui retourné à son propriétaire, un chaland automoteur. de 1928 classé M.H actuellement en chantier de restauration), nombreux bois d’épaves (pièces et sous-ensembles de pirogues et bateaux assemblés de différents types) recueillis en situation de péril, bois de bateau de réemploi, objets de marine. Elle représente par sa diversité un ensemble inédit, corrélé au plan interprétatif à son théâtre fluvial de découverte (sites de pêcherie, de moulins) et d'utilisation (bassin de navigation). La démarche de restitution scientifique du chaland de Loire "La Montjeannaise" a ouvert un domaine d'expérimentation d'ethnologie technique et appliquée qui reste à développer.

[34]Ainsi, Beaudouin François; "Blins et chalands, bateaux de la Loire estuarienne" ; Nantes ; Aestuaria, les dossiers d’Ethnopôle, 2004

[35] A produit dans Archives d'Anjou coll. ; Un fleuve des hommes, une histoire tumultueuse, 2000 ;

[36] Parc Naturel Régional, 136 communes de Langeais à La Daguenière, 9 à 10 millions de F de budget, dont 40% appliqué aux "actions" de valorisation; une équipe de 14 personnes.

[37] D.T.A., Directive territoriale d'aménagement de l'estuaire de la Loire, application de la Loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADDT) de 1995-1999, ainsi de la localisation des "grandes infrastructures de transport et des grands équipements", remontant jusqu'au Pays d’Ancenis et au canton de Saint-Florent le Vieil.

[38] Bien sûr, il serait légitime que la limite ouest du site UNESCO, calée sur la ligne de ponts de Chalonnes et tranchant dans le vif du patrimoine chaufournier et houiller du territoire patrimonial de Layon et Loire comme du gisement d'archéologie fluviale du Grand Bras, lui soit étendu. Le critère de paysage culturel s'y trouverait satisfait.

[39] Quelques indications : Montsorerau 25000 visiteurs en 2004 ; Oudon-Champtoceaux, tour et bateau 18000 ; Ecomusée de Montjean Loire-Angevine 8000 en 1998 ; Maison de la Loire et de la Vallée d'Anjou 5000.

[40] Impasse du projet de développement patrimonial "Montjean port de Loire, fermeture pour dangerosité des salles d'exposition de La Forge, bâtiment industriel lui-même menacé par un projet immobilier, découragement et repli associatif … pour des raisons locales largement conditionnées par l'isolement communal.

[41] Iinventaire en cours (2005-2006) des ports du bassin de la Loire, expérimenté en Région Pays de la Loire, systématisé et étendu à la Loire et l'Allier anciennement naviguée par la DIREN Centre, auquel nous participons, avec sur le terrain le rôle actif du C.P.I.E. Touraine – Val de Loire, abbaye de Seuilly et du bureau d'étude SIRS pour la photo-interprétation et la cartographie S.I.G.

[42] C'est une urgence liée à l'état du fleuve, archéologiquement lisible encore quelques années, à la suite de la rupture d'équilibre anthropique de l'érosion massive de son lit ; une voie en est la Carte archéologique, mise en œuvre par le Ministère de la Culture et les S.R.A. (Service Régional de l'Archéologie) des DRAC du bassin, avec transcription SIG.

[43] Option conceptuelle de la Maison du Rhône de Givors, à la fonction d'Ethnopôle fluvial régional, chef de fil d'un réseau Rhône allant de la Suisse à la Camargue.

[44] Le concept de l’Ecomusée a été mis au point par et autour de Georges Henri Rivière, avec intégration de la muséologie et des dimensions spatio-temporels des sujets de patrimoine sociétal, consultables dans leur paysage en différents sites ("antennes"), avec appui sur la population locale porteuse d’identité et utilisatrice, sur les scientifiques, sur les élus décideurs, se retrouvant dans la structure de gestion des trois collèges ; une formule portée par la Fédération des Ecomusées et Musées de société.

[45] Le Pôle touristique du Pays d'Ancenis (COMPA) initie dans son périmètre, une Route du charbon, parcours culturel enchaînant stations de sites et un relais interprétatif ; une initiative à reproduire en harmonie sur les prolongements du Sillon houiller à l'ouest en Loire-Atlantique et à l'est en maine-et-Loire.

[46] Création récente par le S.R.A.-DRAC de Nantes d'un site d'accueil en sablière à Sainte-Luce, pour héberger dans de bonnes conditions, les bois d'épave trouvés en Région, collectés souvent sur initiative de sauvegarde associative.

[47] Agence d'urbanisme de l'agglomération orléanaise ; Le fleuve et ses territoires, des enjeux patrimoniaux aux grands projets urbains, imaginer le Val de Loire ; Colloque 2003

[48] Produire en Basse-Loire un bilan des potentiels patrimoniaux (les contenus mis à jour des apports de la recherche) et enjeux culturels, des réalisations faites depuis 20 ans (les réussites et limites rencontrées), des potentiels touristiques (les publics, les contextes) et esquisser les perspectives de développement et projets de valorisation.

[49] Héritier des syndicats de levée dont la vocation de travaux de protection des rives s'est amenuisée, le "Syndicat intercommunal de protection et de valorisation du patrimoine ligérien" disposant de la compétence touristique, a initié une étude de "programme d'équipements touristiques en liaison avec le fleuve Loire de Bouchemaine à Nantes", approfondissement d'une première étude dont le maître d'œuvre a été V.N.F (Voies Navigables de France), pour "établir un schéma d'aménagement touristique des rives de Loire cohérent", après recensement des "activités touristiques et culturelles possibles sur l'eau et à terre" et évaluation de la "pertinence des projets", cf. biblio.